2002, Lac-Clarence, Québec. Maxine, une inspectrice, mère de deux enfants, se rend sur une scène de crime. C’est sa première affaire depuis son retour de congé maternité et la scène est horrible. Pauline Caron, son ancienne institutrice, est assise sur le perron de sa maison et est couverte de sang. A l’intérieur, le corps de son mari est découvert. Lardé de coups de couteau, l’homme est mort. L’exploration des lieux révèle des éléments qui stupéfient et effraient les enquêteurs.
1899, Paris, France. Les petites filles de Lucienne Lelanger sont décédées dans un incendie.
Leurs corps n’ont pas été retrouvés dans les décombres, aussi leur maman n’accepte pas leur mort et elle continue à les rechercher. Une amie l’intronise dans une société secrète. Lucienne espère que la magie l’aidera à obtenir des réponses.
1949, Lac-Clarence, Québec. Pour Lina, l’adolescence est une période difficile. Elle est mal dans son corps. Sa mère ne veut pas la laisser sans surveillance. Elle lui impose de la rejoindre, après l’école, à la Mad House, son lieu de travail. Dans cette maison de repos, une patiente entoure Lina d’affection.
A travers chacun de ces personnages, l’auteure explore un pan de la féminité et les entraves rencontrées par les femmes. Depuis que le destin a plongé sa vie familiale dans la nuit, Maxine élève seule ses deux enfants. Alors qu’elle a un métier très prenant, elle doit jongler entre plusieurs rôles (celui de maman et celui de policière), aussi l’épuisement la guette. Pauline, elle, demeure muette sur son crime. Elle semblait former un couple uni avec son époux. Écrivain célèbre, ce dernier était dans la lumière, sa femme était dans l’ombre. Lucienne, elle, a vécu la pire tragédie : la disparition de ses enfants. Elle cherche l’espoir dans les ténèbres à travers les sciences occultes. Lina, quant à elle, voit son corps changer, mais pas aussi vite qu’elle le voudrait. Les comparaisons et les rivalités féminines remplissent son âme de tristesse et de noirceur, qu’éclaire son amitié avec une pensionnaire de la Mad House. Chaque femme s’exprime à la première personne du singulier. Les chapitres sont une alternance de leurs voix.
Au début, je ne savais pas pour quelle raison, ces destinées étaient réunies dans un seul ouvrage. Je ne percevais pas le lien entre elles, pourtant, les trois intrigues me passionnaient. Je retrouvais chacune d’elles avec plaisir, mais avec le regret de quitter la précédente. Elles paraissaient évoluer en parallèle puis, des petits cailloux étaient semés et finissaient par former une passerelle. Le chemin semblait alors tracé, mais lorsque la rive s’est distinguée, Johanna Gustawsson a appuyé sur le détonateur ; les pierres se sont éparpillées et un autre pont s’est dessiné. L’auteure m’a prise par la main et m’a aidée à rassembler les cendres, elle m’a montré ce qui était dissimulé par les flammes. J’ai repris mes esprits, pendant que la fumée se dissipait, et que ma bouche, béate de surprise, se refermait.
J’ai adoré Te tenir la main pendant que tout brûle, qui m’a bluffée.
Epoustouflant !
#Chronique pour les Editions Calmann-Lévy Noir : Te tenir la main pendant que tout brûle de Johana Gustawsson