A vingt-huit ans, Gifty, chercheuse en neurologie dans un laboratoire californien, a fait le vide dans son existence pour ne se consacrer qu’à ses travaux sur l’addiction. Le passé resurgit pourtant lorsque sa mère, dépressive, vient s’installer chez elle. Face à cette femme prostrée qui ne quitte plus sa chambre, Gifty s’interroge et se remémore le parcours de sa famille depuis son départ du Ghana peu avant sa naissance.
Construite en d’incessants aller-retours entre passé et présent, cette histoire est l’infinie quête de sens d’une jeune femme noire en Amérique,
alors que, depuis l’enfance, elle a vu sombrer un par un les membres de sa famille. Le récit revient sur les espoirs, puis sur le désenchantement de l’exil, lorsque le racisme, insidieux, mine peu à peu l’équilibre des personnages. Le père choisit la fuite, le fils se perd dans la drogue, la mère finit par sombrer dans la dépression. Dans cette débâcle, Gifty réussit de brillantes études mais peine à rassembler les morceaux d’une psyché fracassée depuis son jeune âge. Après s’être détournée de la religion chère à sa mère, en laquelle elle culpabilise de ne plus trouver de réponse, elle a fait de la science le réceptacle de toutes ses interrogations. Pourtant, rien n’apaise son lancinant questionnement sur le « bric-à-brac » de son existence.
Crise d’identité d’êtres traumatisés par un racisme qu’ils ont fini par intérioriser, mal de vivre débouchant sur les extrêmes de la dépression et de l’addiction, insatiable quête de sens entre foi et science, difficultés à s’autoriser une vie affective, mais aussi découverte des étonnantes avancées de l’optogénétique : toutes ces thématiques s’entrecroisent en un subtil questionnement, pour dessiner le portrait tout en nuances d’une femme dont la courageuse résilience ne parvient pas à combler les profondes béances intérieures.
La dignité et la discrétion d’un personnage central qui ne se dévoile que peu à peu et avec réticence donnent au récit la plus grande crédibilité. C’est avec tristesse qu’on abandonne Gifty à sa si pudique détresse une fois la dernière page tournée.
Mon coup de cœur d’Août 2020!
Voilà un roman qui m'a embarqué tout de suite. c'est le type de roman que je ne peu plus lâcher.
L'écriture vous emporte et l'histoire est profonde et intelligemment écrite.
Gifty, américaine d'origine ghanéenne, jeune chercheuse en neurosciences nous raconte sa vie, ses errances, ses doutes...
Il est question ici de la difficulté de vivre en Amérique pour des noirs, il est question bien sur de racisme, de difficultés pour s'intégrer, travailler.
L'auteur l'évoque notamment à travers les yeux et réflexions de Gifty enfant.
Il est aussi question de vivre sereinement en famille dans un tel contexte. Car c'est là aussi que tout se joue, le rouleau compresseur de la vie peu écraser toute une famille et laisser de lourdes blessures.
C'est le cas pour Gifty notre héroïne et pour sa mère. Sa mère se raccroche à sa foi pour survivre mais n'échappe pas à la dépression au vue des événements et Gifty fait ce qu’elle peut pour sauver sa mère.
Un roman tout en intelligence et en sensibilité. On suis les efforts de Gifty pour maintenir une vie , la vie de sa mère et aussi la sienne, pour trouver du sens et de l'espoir.
Un roman magnifique.