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On le sait, aucune artère parisienne ne porte le nom de Robespierre, passé à la postérité comme l'archétype du monstre. Sans l'absoudre ni l'accabler, mais en le suivant pas à pas à travers chacune de ses prises de position politiques, Jean-Clément Martin montre que cette réputation a été fabriquée par les Thermidoriens. Après avoir abattu le "tyran", ils voulurent en effet se dédouaner de leur propre recours à la violence d'Etat.
Ainsi, les 10 et 11 thermidor, qui voient l'exécution de "l'Incorruptible" et d'une centaine de révolutionnaires, servent à imputer au premier la seule responsabilité de la "Terreur". Non seulement cette accusation a réécrit l'histoire de la Révolution, mais elle continue à s'imposer encore à nous. Une démonstration sans faille et un livre à l'image de Robespierre : éminemment politique.
RECOMMANDÉ PAR LE SITE CULTURE CHRONIQUE
Robespierre est l’un des grands perdants de la révolution française mais aussi de l’Histoire de France. Il porte à lui seul tout le poids de la Terreur et son nom résonne dans les livres d’Histoire comme trois syllabes inquiétantes. Jean-Clément Martin nous propose une biographie résolument historique en s’appliquant à n’étudier que les faits et en évitant l’écueil de l’approche psychologisante. L’historien qui a dirigé l’institut d’Histoire de la révolution française connait son sujet et sait guider son lecteur à travers les différentes étapes qui menèrent ce jeune notable d’Arras jusqu’au pouvoir au sommet de la jeune et première République.
L’habileté de Jean-Clément Martin tient à sa capacité à porter le fer là où beaucoup d’autres se sont contentés de dénoncer la monstruosité du personnage. Le sous titre de cette biographie “La fabrication d’un monstre” met en évidence le souci qu’a eu l’historien de mettre en évidence comment les successeurs de “l’Incorruptible” en ont fait le seul responsable de la Terreur. Sans chercher à vouloir le réhabiliter Jean-Clément Martin montre à quel point le pouvoir ne fut rien d’autre qu’une épreuve pour celui que la Révolution révéla, épuisa et finalement contribua à détruire. Certes Robespierre porte des responsabilité indéniable dans le phénomène de la Terreur mais lorsqu’il accéda au pouvoir le climat politique est déjà délétère et s’il fut tant dénoncé comme étant l’instigateur de ce moment politique meurtrier, les faits semblent plutôt démontrer qu’il en a été le fusible. Les anciens Thermidoriens se sont empressés d’un faire le responsable unique des évènements que sa mort , celle de Saint-Just et de Couthon vont refermer. Comme l’écrit fort bien l’historien “ le 9 Thermidor la couronne d’épines ne lui a pas été posée sur le crâne par hasard.
Cet ouvrage d’une lecture plaisante permet de saisir cette personnalité complexe, obsédé par un idéal inatteignable et que les circonstances contraires transformèrent en bouc émissaire. Un livre important.
Archibald PLOOM (CULTURE-CHRONIQUE)