Je reprends ici les mots de Quatre, le personnage que je suspecte être le préféré de son auteur (en tout cas, c'est elle qui a mes faveurs -- oui Quatre est un fille, nous sommes chez Pythagore, suivez un peu !).
Je m'explique : dès les premières pages, on se croirait revenu à la grande époque de la Bibliothèque rose, et ses fameux "Classiques" (les délicieuses illustrations d'Anna Griot entretiendront cette impression toute la lecture durant).
De l'humour ET du style, en abondance. Le sens de l'image plutôt que celui, disons plus communément répandu, de la formule -- et l'art
de tisser ces images , en mosaïque ou sur le mode du leitmotiv (et sans jamais prêter le flanc au ridicule. Je mets au défi quiconque de parler de triangle ailé -- triplement ailé, de surcroît -- sans tomber dans l'emphase, le risible, ou pire le sarcasme. Louise Guillemot le fait, elle, laissant dans son sillage une impression de facilité à laquelle même nos chérubins ne sauraient déjà plus croire. Encore que... avant 9 ans, peut-être.... sans doute petit Parviz aurait-il bien pris la plume, après cette expérience. Parents, avisez-vous qu'une telle lecture est terriblement contagieuse. Des légions de petits mathématiciens-poètes se lèveront !). Des personnages enfin, que l'on voudrait bien croire arrachés au Club des cinq, sinon tirés d'un volume de Fantômette (pour cette dernière, certes, je parle sans bien connaître, je me renseignerai auprès d'une spécialiste).
Dès lors, un mauvais esprit pourrait faire remarquer qu'on est là au plus près du pastiche. C'est évidemment une sottise, mais écoutons-le pour la forme (que les Acousmatiques se rassurent : à mille lieux de la musique des Formes, qui ne s'arrêtera pas pour lui) : ne trouve-t-on pas, à peine dissimulé page 39, un éloge du plus patient des exercices ? Proust ne s'est pas fait en un jour, et il a bien fallu imiter. Ce n'est "qu'à force de faire des mathématiques"... pardon, de reprendre les Grands Classiques, que l'on conquiert son style.
Oui mais... il est quelque chose dans cet ouvrage, qui n'a absolument aucune commune mesure avec ces mêmes classiques (du moins, ce que j'en ai gardé).
Je vous en livre l'aperçu, page suivante justement :
"Lorsque la salle fut vide, l'homme à la voix-fleuve se leva de sa chaise, s'étira, et se tourna vers les nombres. Alors, il leur fit un clin d'œil".
Je ne saurais dire par quel enchantement l'auteur parvient à disséminer, partout, de tels clins d'œil. Même lorsque Un, Deux et Trois sont de dos (p.36), ils semblent nous faire signe, des signes complices et tendres -- encore faut-il bien comprendre le sens de leur évasion.
Vous remarquerez que Quatre manque à l'appel. La pauvre elle-même se croit tenue à l'écart.
Montrons-lui combien elle se trompe.
P.S Pour une remarquable présentation de cet ouvrage ; je vous conseille l'interview de l'auteur elle-même, sur Radio sensations. Vous la trouverez sur YouTube.
P.S bis : 4 étoiles et non 5. Que voulez-vous ; j'ai déjà lu son Parménide, qui est encore plus merveilleux.
"Impressionnée malgré elle", malgré moi ?
Je reprends ici les mots de Quatre, le personnage que je suspecte être le préféré de son auteur (en tout cas, c'est elle qui a mes faveurs -- oui Quatre est un fille, nous sommes chez Pythagore, suivez un peu !).
Je m'explique : dès les premières pages, on se croirait revenu à la grande époque de la Bibliothèque rose, et ses fameux "Classiques" (les délicieuses illustrations d'Anna Griot entretiendront cette impression toute la lecture durant).
De l'humour ET du style, en abondance. Le sens de l'image plutôt que celui, disons plus communément répandu, de la formule -- et l'art de tisser ces images , en mosaïque ou sur le mode du leitmotiv (et sans jamais prêter le flanc au ridicule. Je mets au défi quiconque de parler de triangle ailé -- triplement ailé, de surcroît -- sans tomber dans l'emphase, le risible, ou pire le sarcasme. Louise Guillemot le fait, elle, laissant dans son sillage une impression de facilité à laquelle même nos chérubins ne sauraient déjà plus croire. Encore que... avant 9 ans, peut-être.... sans doute petit Parviz aurait-il bien pris la plume, après cette expérience. Parents, avisez-vous qu'une telle lecture est terriblement contagieuse. Des légions de petits mathématiciens-poètes se lèveront !). Des personnages enfin, que l'on voudrait bien croire arrachés au Club des cinq, sinon tirés d'un volume de Fantômette (pour cette dernière, certes, je parle sans bien connaître, je me renseignerai auprès d'une spécialiste).
Dès lors, un mauvais esprit pourrait faire remarquer qu'on est là au plus près du pastiche. C'est évidemment une sottise, mais écoutons-le pour la forme (que les Acousmatiques se rassurent : à mille lieux de la musique des Formes, qui ne s'arrêtera pas pour lui) : ne trouve-t-on pas, à peine dissimulé page 39, un éloge du plus patient des exercices ? Proust ne s'est pas fait en un jour, et il a bien fallu imiter. Ce n'est "qu'à force de faire des mathématiques"... pardon, de reprendre les Grands Classiques, que l'on conquiert son style.
Oui mais... il est quelque chose dans cet ouvrage, qui n'a absolument aucune commune mesure avec ces mêmes classiques (du moins, ce que j'en ai gardé).
Je vous en livre l'aperçu, page suivante justement :
"Lorsque la salle fut vide, l'homme à la voix-fleuve se leva de sa chaise, s'étira, et se tourna vers les nombres. Alors, il leur fit un clin d'œil".
Je ne saurais dire par quel enchantement l'auteur parvient à disséminer, partout, de tels clins d'œil. Même lorsque Un, Deux et Trois sont de dos (p.36), ils semblent nous faire signe, des signes complices et tendres -- encore faut-il bien comprendre le sens de leur évasion.
Vous remarquerez que Quatre manque à l'appel. La pauvre elle-même se croit tenue à l'écart.
Montrons-lui combien elle se trompe.
P.S Pour une remarquable présentation de cet ouvrage ; je vous conseille l'interview de l'auteur elle-même, sur Radio sensations. Vous la trouverez sur YouTube.
P.S bis : 4 étoiles et non 5. Que voulez-vous ; j'ai déjà lu son Parménide, qui est encore plus merveilleux.