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Pour la première fois réédité depuis sa publication originale en 1947, ce petit bijou de style et de dessin porte la signature de deux artistes singuliers du XXe siècle : Elsa Triolet et Raymond Peynet. Imaginé par Elsa comme un récit merveilleux aux allures de "dessin animé", l'ouvrage est porteur des obsessions et angoisses de l'après-guerre. A y regarder et lire de plus près, tous ces décors colorés et enfantins, cette écriture féérique cachent un envers plus sombre : le paysage d'une France et d'un monde décimés par la guerre et le fascisme, où la narratrice, en laquelle on reconnaît l'autrice, est entraînée dans une fuite en avant onirique qui finit toujours, comme dans un cartoon, par une chute, ici douloureuse et douce-amère.
"Elsa Triolet ne rêve pas en noir et blanc. Les dessins ouvrent leur corolle, les couleurs s'y frottent sans s'y piquer d'être exactes. Dans le rêve d'Elsa Triolet, le printemps a emporté l'hiver et au fil de l'eau, nouvelle Ophélie aux cheveux de jacinthe, elle est arrivée en pays d'été. "C'est un pré. L'herbe est douce et il pousse de tous les côtés de grosses marguerites. Des oiseaux-mouches se posent sur mes doigts pour imiter les pierres précieuses".".
Extrait de la préface de Louise Guillemot, écrivaine et agrégée de Lettres classiques.
