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"Elle était si vulnérable. Se haïssait-elle pour cela ? Non, elle se haïrait plus si elle était déjà un tronc immuable jusqu'à la mort, capable de seulement donner des fruits mais non de croître à l'intérieur d'elle-même. Elle désirait encore plus : renaître toujours, couper tout ce qu'elle avait appris, ce qu'elle avait vu, et s'inaugurer dans un nouveau terrain où le moindre petit acte aurait un sens, où l'air serait respiré comme pour la première fois.
Elle avait la sensation que la vie courait épaisse et lente en elle, bouillonnant comme une chaude couche de lave." C.L.
Au plus profond
C'est l’histoire d'une femme, une histoire banale, presque anecdotique, si on s'en tient aux seuls faits. Mais le plus important, l'intérêt majeur de ce roman, réside dans la façon dont les sensations, les réflexions, l'expérience intérieure de la protagoniste sont racontés.
Des bruits multiples du quotidien, – une horloge, une machine à écrire, et celui du silence – liés par la lumière et le mouvement des feuilles dans un arbre, aux mouvements de l'être qui des profondeurs renaît à chaque combat tel un cheval nouveau, voilà qu'une femme nous dévoile son monde, tout en tremblement et en puissance.
Rimbaud disait quelque part qu'une fois brisé le servage infini de la femme, une fois qu'elle vivrait pour elle et par elle, elle trouverait de l'inconnu. « Ses mondes d'idées différeront-ils des nôtres ? », se demandait-il, pour conclure : « Elle trouvera des choses étranges, insondables, repoussantes, délicieuses ; nous les prendrons, nous les comprendrons. »
Mon exemplaire, qui m'accompagne depuis vingt ans, témoigne de mon affection et de mon étonnement devant ce texte : à chaque page, ou presque, on trouve une façon de dire le monde qui bouleverse et met en branle notre façon de voir les choses.