Biographie de Scala
Fils d'un tanneur, Alessandro di Mariano Filipepi naît à Florence autour de 1445. Dès son apprentissage dans un atelier d'orfèvre, il prend le surnom de Botticelli sans que l'on connaisse véritablement l'origine de ce choix. Entrant dans l'atelier de Filippo Lippi (1406-1469) et peut-être de Verrocchio (1435-1488), il parachève son éducation artistique et intellectuelle, devenant un parfait humaniste.
En 1472, il rejoint la confrérie des peintres de Florence et commence sa carrière indépendante. Très proche de Laurent le Magnifique (144914921, il crée pour lui ou son cercle intime ses plus grands chefs-d'oeuvre entre 1478 et 1490.0 part en 1481, avec Ghirlandaio (1449-1494) et Pérugin (1448-1523), à Rome pour peindre les parois de la chapelle Sixtine. Capable de rendre visuellement la beauté célébrée par les poètes humanistes pétris de références antiques, Botticelli illustre parfaitement la Renaissance florentine.
Sa peinture sensuelle mettant en valeur la beauté, trouve une incarnation parfaite dans les personnages de Vénus et des trois Grâces. Symboles de la médiation entre les mortels et les dieux développée parla tradition néoplatonicienne en vague à la cour de Laurent le Magnifique, elles sont aussi un exemple parfait de l'ut pintura poesis, c'est-à-dire de l'équivalence entre la poésie et la peinture, décrite par le poète antique Horace.
Dans La Naissance de Venus (1485, Offices), commandée par la famille Médicis, Botticelli s'inspire d'une ceuvre disparue d'Apelle, peintre favori d'Alexandre le Grand célébré dans l'Antiquité, notamment par le poète Ovide. Sous des traits qui rappellent la belle Simonetta Vespucci (1453-1476), avec sa peau diaphane, son air mélancolique, ses cheveux blonds et ondulés, Vénus incarnel'idéal féminin de la Renaissance.
Avec des contours toujours nets, des poses dansantes et légères plus expressives qu'anatomiques, le corps de la femme, objet de désir, est souvent sublimé pour donner une mélancolie éloignée de l'image antique traditionnelle et apporter ainsi regard typiquement humaniste à un sujet mythologique. Bien qu'il produise également des tableaux d'autel. Vierge à l'Enfant ou Annonciation, et des portraits, il excelle dans ces oeuvres profanes qui mélangent les références comme dans Le Printemps (1478-1482, Offices).
Aux côtés du dieu Zéphyr et de la nymphe Chloris, Flore, déesse du printemps, est associée aux trois Grâces et au dieu Mercure, tandis qu'au centre trône Vénus, habillée à la mode renaissance et non antique,accompagnée de son fils Cupidon. Renaissance du désir, renaissance de la nature au printemps et renaissance des esprits, cette oeuvre si singulière ornait la boiserie d'un lit d'un cousin de Laurent le Magnifique.
A la chute des Médicis, lorsque le moine Savonarole (1452-1498) s'empare du pouvoir en 1494 et transforme Florence en théocratie. Botticelli est Invité à brûler ses es profanes, jugées vaniteuses et copies. Il cesse d'ailleurs le nu, après ravoir porté à son apogée, pour une peinture plus religieuse, pieuse et morale. La Calomnie d'Apelle (1495, Offices), moins gracieuse et sensuelle que ne l'étaient ses oeuvres précédentes, montre le changement de style de l'artiste.
En partant d'une description littéraire du tableau d'Apelle, le peintre crée une oeuvre originale à l'interprétation difficile. Composée de neuf personnages allégoriques, elle montre un homme à terre amené par la calomnie devant un juge influencé par le soupçon et la tromperie qui lui susurrent à l'oreille. La vérité, incarnée par une Vénus pudique, en appelle au jugement divin pour sauver le pauvre homme.
Peint dans des conditions qui restent incertaines, l'oeuvre serait un plaidoyer pour Botticelli lui-même, ou la famille Médicis calomniée à tort, à moins qu'elle ne montre son adhésion aux idées de Savonarole. Tombé en désuétude, le peintre ne retrouva pas le succès, mémo avec le retour au pouvoir des Médicis. Il meurt en 1510, loin des honneurs et succès qui avaient pourtant couronné sa carrière.
Laure.Caroline Semmer