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Lâchée à l'entrée du cimetière par le bus de la ligne 9, Bittori remonte la travée centrale, haletant sous un épais manteau noir. Afficher des couleurs serait manquer de respect aux morts. Parvenue devant la pierre tombale, la voilà prête à annoncer à son défunt mari les deux grandes nouvelles du jour : les nationalistes de l'ETA ont décidé de ne plus tuer, et elle de rentrer au village, près de Saint-Sébastien, où son époux a été assassiné.
Or le retour de la vieille femme va ébranler l'équilibre de la bourgade, mise en coupe réglée par l'organisation terroriste. Des années de plomb du post-franquisme jusqu'à la fin de la lutte armée, Patria s'attache au quotidien de deux familles séparées par le conflit fratricide, pour examiner une criminalité à hauteur d'homme, tendre un implacable miroir à ceux qui la pratiquent et à ceux qui la subissent.
L'ETA a désormais déposé les armes mais pour tous une nouvelle guerre commence : celle du pardon et de l'oubli.
Magistral
En Espagne, Patria dépasse le cercle littéraire pour enflammer les esprits, susciter la polémique, ouvrir une catharsis et s’impose d’ores et déjà comme un chef d’œuvre. On en parle dans le café du coin. Sur un pallier, entre deux immeubles. Dans les transports en commun. La critique a comparé son auteur à Tolstoï. A Balzac. A Galdós. Mais il fallait quelqu’un pour tailler dans le vif, nous faire ressentir le conflit de l’ETA jusqu'au fond de nos entrailles, suspendre nos souffles le temps d’une lecture qui se dévore d’un trait, et ce quelqu’un, c’est Fernando Aramburu.
Lisez-le, vous vous ferez un cadeau.
Laura