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Oroonoko, prince guinéen d'une grande beauté, finit sa vie chevaleresque comme esclave dans une plantation du Surinam dans les années 1660. La voix qui chante sa geste tragique est celle d'Aphra Behn (1640-1689), célèbre dramaturge anglaise, fidèle soutien du roi Jacques II, à la veille de la Glorieuse Révolution. Ce roman anglais du XVIIe siècle concentre en lui un grand nombre de nos curiosités contemporaines.
L'essai de Jean-Frédéric Schaub ne cède pas à la tentation de tirer la lecture du côté du féminisme et de l'abolitionnisme, et moins encore des Lumières; au contraire, il souligne ce qui, dans ce roman fiévreux, concentre les anxiétés et les ambivalences nées de l'expansion européenne depuis la Renaissance. Si l'univers d'Aphra Behn s'accommode de l'esclavage et d'une conception hiérarchique de la société, il ne repose pas sur le racisme, ni d'ailleurs sur le sexisme.
La complexité de ce moment de l'histoire culturelle européenne qu'est le premier âge moderne anglais se trouve éclairée à partir de sa dimension coloniale.