Oumou a quitté la Côte d’Ivoire pour suivre son mari de « l’autre côté de l’eau » : à Paris, dans le quartier de Château-d’Eau spécialisé dans la beauté afro où elle vit désormais seule avec sa fille Céleste, elle vend des produits cosmétiques en ne pensant qu’à l’avenir et à la réussite de la jeune fille, dont la brillante scolarité l’emplit de fierté. A la croisée des chemins, Céleste découvre le Paris du Quartier Latin en même temps qu’elle se sent irrésistiblement attirée par le pays de ses racines.
Le grand charme de ce très agréable roman est
d’abord sa langue, qui passe constamment du français châtié de la bourgeoisie parisienne que Céleste côtoie au lycée Henri IV, au langage populaire de la « Petite Afrique » de Paris, français métissé d’ivoirien et d’argot nouchi, aux tournures truculentes et chantantes. Cette immersion linguistique donne au récit de tels accents d’authenticité que j’ai été stupéfaite de découvrir a posteriori que l'auteur n’est ni ivoirienne, ni même originaire d’Afrique noire !
Cette histoire est avant tout celle d’un choc culturel entre l’Afrique et la France, d’un déchirement identitaire qui plonge les protagonistes dans une ambivalence complexe : Oumou, qui s’est détruit la peau en cherchant à l’éclaircir et qui entend ne jamais remettre les pieds en Afrique, rêve de réussite et d’intégration pour sa fille. Mais elle redoute autant de la voir épouser un blanc qu’elle s’effraie de son attachement à ses racines ivoiriennes. Céleste semble à l’aube d’un bel avenir professionnel, mais elle hésite d’autant plus entre deux continents et deux mondes, qu’elle s’apprête aussi à faire le grand écart entre son milieu populaire et l’élite intellectuelle parisienne.
Bien plus que les personnages masculins sans envergure de ce roman, comme Bosso qui échoue dans sa tentative d’émigration, ce sont ces deux femmes fortes et indépendantes qui semblent capables de façonner l’avenir, voire peut-être, pour Céleste, de contribuer par ses activités au développement du pays dont elle est issue. Dès lors, l’on est tenté de voir la moralité suivante à cette histoire et de lui pardonner ce qu’on pourrait peut-être lui trouver d’idéalisation : c’est par la formation de cadres autochtones soucieux de favoriser les initiatives de développement locales que l’on pourra répondre au leurre, et résoudre le désastre, de l’émigration économique massive.
Plongée dans la "Petite Afrique" de Paris
Oumou a quitté la Côte d’Ivoire pour suivre son mari de « l’autre côté de l’eau » : à Paris, dans le quartier de Château-d’Eau spécialisé dans la beauté afro où elle vit désormais seule avec sa fille Céleste, elle vend des produits cosmétiques en ne pensant qu’à l’avenir et à la réussite de la jeune fille, dont la brillante scolarité l’emplit de fierté. A la croisée des chemins, Céleste découvre le Paris du Quartier Latin en même temps qu’elle se sent irrésistiblement attirée par le pays de ses racines.
Le grand charme de ce très agréable roman est d’abord sa langue, qui passe constamment du français châtié de la bourgeoisie parisienne que Céleste côtoie au lycée Henri IV, au langage populaire de la « Petite Afrique » de Paris, français métissé d’ivoirien et d’argot nouchi, aux tournures truculentes et chantantes. Cette immersion linguistique donne au récit de tels accents d’authenticité que j’ai été stupéfaite de découvrir a posteriori que l'auteur n’est ni ivoirienne, ni même originaire d’Afrique noire !
Cette histoire est avant tout celle d’un choc culturel entre l’Afrique et la France, d’un déchirement identitaire qui plonge les protagonistes dans une ambivalence complexe : Oumou, qui s’est détruit la peau en cherchant à l’éclaircir et qui entend ne jamais remettre les pieds en Afrique, rêve de réussite et d’intégration pour sa fille. Mais elle redoute autant de la voir épouser un blanc qu’elle s’effraie de son attachement à ses racines ivoiriennes. Céleste semble à l’aube d’un bel avenir professionnel, mais elle hésite d’autant plus entre deux continents et deux mondes, qu’elle s’apprête aussi à faire le grand écart entre son milieu populaire et l’élite intellectuelle parisienne.
Bien plus que les personnages masculins sans envergure de ce roman, comme Bosso qui échoue dans sa tentative d’émigration, ce sont ces deux femmes fortes et indépendantes qui semblent capables de façonner l’avenir, voire peut-être, pour Céleste, de contribuer par ses activités au développement du pays dont elle est issue. Dès lors, l’on est tenté de voir la moralité suivante à cette histoire et de lui pardonner ce qu’on pourrait peut-être lui trouver d’idéalisation : c’est par la formation de cadres autochtones soucieux de favoriser les initiatives de développement locales que l’on pourra répondre au leurre, et résoudre le désastre, de l’émigration économique massive.