Saluée unanimement par la critique, l’étude de Christopher Clark est tout simplement magistrale. Il faut noter le travail de recherche gigantesque effectué par l’historien qui se confirme par la taille de l’ouvrage : 664 pages dont 90 de notes de bas de pages.
L’auteur s’attache ici à démontrer comment l’Europe en est-elle venue à plonger dans une guerre « qui entraînera la chute de trois empires, emportera des millions d’hommes et détruira une civilisation ». Comme l’explique très bien Christopher Clark l’interrogation est bien comment et non pourquoi puisque avec
cette dernière « la culpabilité devient le point central ». Or, l’objectif ici n’est pas de désigner un coupable mais bien d’analyser les interactions qui ont conduit au déclenchement de la Première Guerre Mondiale.
Les thèses trop simplistes sont ici battues en brèche. Ainsi, il est trop simple de voir en l’Allemagne le seul responsable. Si l’auteur montre a plusieurs reprises les excès qui ont pu être commis par le Kaiser Guillaume II, celui-ci, par son manque de réalisme politique, n’avait pas vraiment d’influence sur ses ministres. Comme il est également
trop simpliste de penser que la guerre était inévitable, notamment en raison du système d’alliance bipolaire alors en place (Triple Alliance et Triple Entente). Comme le souligne Christopher Clark, jusqu’en 1913-1914, certains n’avaient que peu confiance en leurs alliés et tous n’avaient pas la même perception du rôle qu’ils devaient jouer au sein des alliances.
Le réel point de départ se situe donc lors du coup d’Etat mené par les officiers qui a eu lieu en Serbie en 1903. Une nouvelle dynastie est mise en place tandis que la précédente est massacrée. Seulement, les
officiers gardent une influence très puissante sur la politique en Serbie, ils se regroupent dans une association secrète nationaliste, la Main Noire, dont l’objectif était de réunifier tous les Serbes au sein de la « Grande Serbie ». Dans cet objectif, elle organisera des attentats dont celui du 28 juin 1914, qui conduit à l’assassinat de l’archiduc François Ferdinand d’Autriche à Sarajevo, dont l’historien analyse les répercussions à l’échelle de l’Europe dans la dernière partie du livre. Les évènements se déroulant en Serbie, qui sont décrits au sein du
premier chapitre, se révèlent vraiment passionnant puisqu’ils sont l’occasion de peindre l’histoire de la Serbie du fin XIXe siècle-début XXe.
Ici encore, l’auteur démontre bien que la Serbie n’est pas l’unique responsable du déclenchement de la guerre mais que celle-ci est le résultat de mécanismes beaucoup plus complexes. Ainsi, c’est bien l’ensemble des décisions prises par les différents protagonistes (militaires et civils) au sein des différents États qui ont conduits à l’enchaînement fatal. Sans mesurer l'ampleur de leurs décisions, l’ensemble des
États ont tous marché dans la même direction sans s’en rendre compte : « En ce sens, les protagonistes de 1914 étaient des somnambules qui regardaient sans voir, hantés par leurs songes mais aveugles à la réalité des horreurs qu’ils étaient sur le point de faire naître dans le monde ».
Les Somnambules
Saluée unanimement par la critique, l’étude de Christopher Clark est tout simplement magistrale. Il faut noter le travail de recherche gigantesque effectué par l’historien qui se confirme par la taille de l’ouvrage : 664 pages dont 90 de notes de bas de pages.
L’auteur s’attache ici à démontrer comment l’Europe en est-elle venue à plonger dans une guerre « qui entraînera la chute de trois empires, emportera des millions d’hommes et détruira une civilisation ». Comme l’explique très bien Christopher Clark l’interrogation est bien comment et non pourquoi puisque avec cette dernière « la culpabilité devient le point central ». Or, l’objectif ici n’est pas de désigner un coupable mais bien d’analyser les interactions qui ont conduit au déclenchement de la Première Guerre Mondiale.
Les thèses trop simplistes sont ici battues en brèche. Ainsi, il est trop simple de voir en l’Allemagne le seul responsable. Si l’auteur montre a plusieurs reprises les excès qui ont pu être commis par le Kaiser Guillaume II, celui-ci, par son manque de réalisme politique, n’avait pas vraiment d’influence sur ses ministres. Comme il est également
trop simpliste de penser que la guerre était inévitable, notamment en raison du système d’alliance bipolaire alors en place (Triple Alliance et Triple Entente). Comme le souligne Christopher Clark, jusqu’en 1913-1914, certains n’avaient que peu confiance en leurs alliés et tous n’avaient pas la même perception du rôle qu’ils devaient jouer au sein des alliances.
Le réel point de départ se situe donc lors du coup d’Etat mené par les officiers qui a eu lieu en Serbie en 1903. Une nouvelle dynastie est mise en place tandis que la précédente est massacrée. Seulement, les
officiers gardent une influence très puissante sur la politique en Serbie, ils se regroupent dans une association secrète nationaliste, la Main Noire, dont l’objectif était de réunifier tous les Serbes au sein de la « Grande Serbie ». Dans cet objectif, elle organisera des attentats dont celui du 28 juin 1914, qui conduit à l’assassinat de l’archiduc François Ferdinand d’Autriche à Sarajevo, dont l’historien analyse les répercussions à l’échelle de l’Europe dans la dernière partie du livre. Les évènements se déroulant en Serbie, qui sont décrits au sein du
premier chapitre, se révèlent vraiment passionnant puisqu’ils sont l’occasion de peindre l’histoire de la Serbie du fin XIXe siècle-début XXe.
Ici encore, l’auteur démontre bien que la Serbie n’est pas l’unique responsable du déclenchement de la guerre mais que celle-ci est le résultat de mécanismes beaucoup plus complexes. Ainsi, c’est bien l’ensemble des décisions prises par les différents protagonistes (militaires et civils) au sein des différents États qui ont conduits à l’enchaînement fatal. Sans mesurer l'ampleur de leurs décisions, l’ensemble des
États ont tous marché dans la même direction sans s’en rendre compte : « En ce sens, les protagonistes de 1914 étaient des somnambules qui regardaient sans voir, hantés par leurs songes mais aveugles à la réalité des horreurs qu’ils étaient sur le point de faire naître dans le monde ».