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Tristes Tropiques commence par un chapitre intitulé : "La fin des voyages". Mais pourquoi les voyages sont-ils au juste finis et pourquoi le Brésil est-il un lieu privilégié pour la vérification de cette fin ? Ces deux questions en présupposent une autre : qu'est-ce que voyager si on entend par là non pas simplement un déplacement des corps mais une aventure de l'esprit ? Pour le comprendre, arrêtons-nous sur un récit de voyage au Brésil plus ancien et beaucoup plus fruste que celui de Lévi-Strauss.
Dans les Mémoires d'un enfant de la Savoie, qu'il publie à Paris en 1844, Claude Genoux, ancien ramoneur devenu ouvrier imprimeur, nous raconte ses années d'errance et en particulier son voyage au Brésil en 1832. Il y est parti par hasard, nous dit-il. Une lettre qui traînait dans le port de Marseille lui a appris que les barbiers brésiliens étaient demandeurs de sangsues. Il en a donc acheté un gros lot qu'il a transporté de l'autre côté de l'Atlantique.
Ses sangsues vendues, diverses circonstances l'ont retenu dans le pays et il nous narre les plus saillantes.