Prix Lire en poche - Littérature traduite

Les lois de la frontière

Par : Javier Cercas

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  • Nombre de pages411
  • PrésentationBroché
  • FormatPoche
  • Poids0.295 kg
  • Dimensions11,0 cm × 17,5 cm × 2,7 cm
  • ISBN978-2-330-05325-3
  • EAN9782330053253
  • Date de parution02/09/2015
  • CollectionBabel
  • ÉditeurActes Sud
  • TraducteurElisabeth Beyer
  • TraducteurAleksandar Grujicic

Résumé

Le roman de la transition espagnole et de ses frontières sociales et morales poreuses. L'histoire ambiguë d'un petit caïd de Gérone vient démystifier le romantisme de la délinquance et de sa soif de liberté, la démocratie espagnole et son miroir aux alouettes, les affres de l'adolescence.
Le roman de la transition espagnole et de ses frontières sociales et morales poreuses. L'histoire ambiguë d'un petit caïd de Gérone vient démystifier le romantisme de la délinquance et de sa soif de liberté, la démocratie espagnole et son miroir aux alouettes, les affres de l'adolescence.

Avis des lecteurs
Commentaires laissés par nos lecteurs

4/5
sur 3 notes dont 3 avis lecteurs
Frontières mouvantes
Gerone, été 1978. Ignacio Cañas vient de vivre une année scolaire difficile, souffre-douleur de certains élèves de sa classe. Les congés scolaires sont une libération. Ils évitent la bande qui le maltraite en se réfugiant dans une salle de jeux. C'est là qu'il rencontre Zarco et Tere, deux voyous culottés qui vivent dans les quartiers populaires, de l'autre côté du fleuve. Subjuguée par Tere qui le rebaptise Le Binoclard, il entre dans la bande à Zarco, devient le complice de leurs larcins, vols de voitures, cambriolages, braquages de banque, découvre l'alcool, la drogue, les prostituées. La fin de l'été sonne le glas de sa carrière de délinquant. Dénoncée, la bande tombe dans un guet-apens de la police. Le Binoclard s'en sort de justesse, retrouve le chemin du lycée et plus tard des études de droit. Pendant ce temps, Zarco est devenu l'icône de la jeunesse espagnole, bandit sans peur et sans reproches, il est Robin des bois, il est celui qui défie l'Etat, la police, le personnel pénitentiaire. Les braquages, la violence, la drogue n'entachent en rien sa légende. Avocat respecté, Ignacio a toujours suivi les ''exploits'' de son ancien ami et quand, bien des années plus tard, Tere vient lui demander d'obtenir la libération conditionnelle d'un Zarco vieillissant et repentant, il accepte sans trop se faire prier. Interviews fictives d'un écrivain préparant un livre à propos de Zarco et s'adressant à Cañas mais aussi au directeur de la prison de Gerone et au policier qui a arrêté la bande en 78, le récit de Javier Cercas commence dans l'Espagne post-franquiste, moment-clé dans l'histoire du pays qui entame sa marche vers la démocratie. Après des années de dictature, le processus est lent, les vieilles (et mauvaises) habitudes sont profondément ancrées dans les mentalités. La jeunesse, trop longtemps bridée, se cherche, teste les limites, joue avec le danger, franchit les frontières, entre le bien et le mal, entre les classes sociales, entre petite délinquance et grand banditisme. Dans cette nouvelle société qui se cherche des modèles, le personnage de Zarco apparaît comme un voyou au grand cœur, légende fondée sur rien, sinon les élucubrations journalistiques et les rumeurs populaires. C'est pour rétablir la vérité, ou tout du moins ses vérités, que Cañas accepte de participer à un livre sur Zarco. C'est aussi l'occasion pour lui de s'interroger sur son passé de délinquant, qui fut court mais marquant. Il analyse ses motivations, ses sentiments, ses rapports avec Zarco et Tere et aussi les choix, les chances, les rencontres qui ont décidé de son avenir. De cet été, il a gardé toute sa vie la trace et trente ans après il parle encore avec émotion de Tere et Zarco qui le fascinaient. Pourtant cette génération post-franquiste, sacrifiée, abandonnée, a connu plus d'échecs que de prestige, tombée sous les balles, terrassée par la drogue ou le sida. Pour l'avocat qui s'en est bien sorti, ce retour en arrière se fait dans la douleur et pour le lecteur, c'est l'occasion de découvrir une période de l'Histoire espagnole bien loin de l'euphorique et médiatique Movida. Un roman beau, triste et désenchanté, comme un air de flamenco.
Gerone, été 1978. Ignacio Cañas vient de vivre une année scolaire difficile, souffre-douleur de certains élèves de sa classe. Les congés scolaires sont une libération. Ils évitent la bande qui le maltraite en se réfugiant dans une salle de jeux. C'est là qu'il rencontre Zarco et Tere, deux voyous culottés qui vivent dans les quartiers populaires, de l'autre côté du fleuve. Subjuguée par Tere qui le rebaptise Le Binoclard, il entre dans la bande à Zarco, devient le complice de leurs larcins, vols de voitures, cambriolages, braquages de banque, découvre l'alcool, la drogue, les prostituées. La fin de l'été sonne le glas de sa carrière de délinquant. Dénoncée, la bande tombe dans un guet-apens de la police. Le Binoclard s'en sort de justesse, retrouve le chemin du lycée et plus tard des études de droit. Pendant ce temps, Zarco est devenu l'icône de la jeunesse espagnole, bandit sans peur et sans reproches, il est Robin des bois, il est celui qui défie l'Etat, la police, le personnel pénitentiaire. Les braquages, la violence, la drogue n'entachent en rien sa légende. Avocat respecté, Ignacio a toujours suivi les ''exploits'' de son ancien ami et quand, bien des années plus tard, Tere vient lui demander d'obtenir la libération conditionnelle d'un Zarco vieillissant et repentant, il accepte sans trop se faire prier. Interviews fictives d'un écrivain préparant un livre à propos de Zarco et s'adressant à Cañas mais aussi au directeur de la prison de Gerone et au policier qui a arrêté la bande en 78, le récit de Javier Cercas commence dans l'Espagne post-franquiste, moment-clé dans l'histoire du pays qui entame sa marche vers la démocratie. Après des années de dictature, le processus est lent, les vieilles (et mauvaises) habitudes sont profondément ancrées dans les mentalités. La jeunesse, trop longtemps bridée, se cherche, teste les limites, joue avec le danger, franchit les frontières, entre le bien et le mal, entre les classes sociales, entre petite délinquance et grand banditisme. Dans cette nouvelle société qui se cherche des modèles, le personnage de Zarco apparaît comme un voyou au grand cœur, légende fondée sur rien, sinon les élucubrations journalistiques et les rumeurs populaires. C'est pour rétablir la vérité, ou tout du moins ses vérités, que Cañas accepte de participer à un livre sur Zarco. C'est aussi l'occasion pour lui de s'interroger sur son passé de délinquant, qui fut court mais marquant. Il analyse ses motivations, ses sentiments, ses rapports avec Zarco et Tere et aussi les choix, les chances, les rencontres qui ont décidé de son avenir. De cet été, il a gardé toute sa vie la trace et trente ans après il parle encore avec émotion de Tere et Zarco qui le fascinaient. Pourtant cette génération post-franquiste, sacrifiée, abandonnée, a connu plus d'échecs que de prestige, tombée sous les balles, terrassée par la drogue ou le sida. Pour l'avocat qui s'en est bien sorti, ce retour en arrière se fait dans la douleur et pour le lecteur, c'est l'occasion de découvrir une période de l'Histoire espagnole bien loin de l'euphorique et médiatique Movida. Un roman beau, triste et désenchanté, comme un air de flamenco.
Intéressant mais longuet
Contrairement à ce que mon résumé peut laisser penser, ce n'est pas un roman basé sur les dérives narcotiques des adolescents mais sur l'émoi amoureux et la complexité de ces émois d'adolescent dont notre avocat ne se remettra jamais vraiment. L'adolescent, comme l'adulte qu'il devient, ne comprend pas la teneur exacte de ce que Tere ressent pour lui. Personnage ambigu, Tere fascine alors que Zarco passe du statut de caïd à celui d'un homme qui a raté sa vie et qui peu à peu perd l'aura qu'il eût jadis. Ce roman permet aussi une réflexion sur l'alternative à la prison puisque sans l'humanité d'un policier, Ignacio aurait lui aussi dû suivre le chemin emprunté par Zarco. C'est la première fois que je lis cet auteur espagnol mais sans doute pas la dernière car cette histoire m'a paru intéressante et j'ai beaucoup aimé la façon dont il croque ses personnages, oscillant entre doute et ambiguïté. Les scènes d'humiliation entre adolescents m'ont semblé très réussies. On se lasse parfois un peu et je pense que c'est dû à la forme de ce roman qui se présente en entretiens : ceux de l'avocat avec un écrivain et ceux de cet écrivain avec un policier.
Contrairement à ce que mon résumé peut laisser penser, ce n'est pas un roman basé sur les dérives narcotiques des adolescents mais sur l'émoi amoureux et la complexité de ces émois d'adolescent dont notre avocat ne se remettra jamais vraiment. L'adolescent, comme l'adulte qu'il devient, ne comprend pas la teneur exacte de ce que Tere ressent pour lui. Personnage ambigu, Tere fascine alors que Zarco passe du statut de caïd à celui d'un homme qui a raté sa vie et qui peu à peu perd l'aura qu'il eût jadis. Ce roman permet aussi une réflexion sur l'alternative à la prison puisque sans l'humanité d'un policier, Ignacio aurait lui aussi dû suivre le chemin emprunté par Zarco. C'est la première fois que je lis cet auteur espagnol mais sans doute pas la dernière car cette histoire m'a paru intéressante et j'ai beaucoup aimé la façon dont il croque ses personnages, oscillant entre doute et ambiguïté. Les scènes d'humiliation entre adolescents m'ont semblé très réussies. On se lasse parfois un peu et je pense que c'est dû à la forme de ce roman qui se présente en entretiens : ceux de l'avocat avec un écrivain et ceux de cet écrivain avec un policier.
La frontière bleue
Adolescents, ils grandirent avec le feuilleton La frontière bleue, version asiatique de Robin des bois. Lin Chung, le justicier et sa compagne Hu San-Niang se rebellaient contre le méchant favori de l’empereur Kao Chiu. Une rivière, le Liang Shan Po les séparait. Lorsque Ignacio Cañas , jeune adolescent d’une famille de classe moyenne, brutalisé par Batista traverse la frontière nord est de la ville et y rencontre Zarco et son amie Tere, il a l’impression de rejoindre un clan de justicier. Très vite, il tombe amoureux de Tere, cette jeune femme intrigante et libérée et vénère l’emblématique Zarco. " pendant trois mois dans mon adolescence, j’ai admiré Zarco – j’ai admiré sa sérénité, son courage, son audace- et je n’ai jamais cessé de l’admirer."Zarco devient très vite une figure médiatique, symbole de la délinquance de cette période de passage du franquisme à la démocratie. Le récit est en fait celui des interviews d’un écrivain avec Ignacio devenu avocat, l’inspecteur Cuenca qui fut le premier policier à arrêter Zarco et le directeur de la prison de Gérone, Eduardo Requena. Chacun va tenter d’expliquer les liens entre les trois personnages, ce qui les a conduit vers la délinquance et comment ils ont ensuite évolué. Au-delà de l’histoire de ce trio infernal, l’auteur évoque dans un premier temps les circonstances qui peuvent conduire à la délinquance (quartiers défavorisés, milieu familial, sentiment d’insécurité, drogue) ou l’éviter ( soutien du père d’Ignacio, éducation, classe sociale) puis la machine à broyer du système carcéral et les difficultés de réinsertion. " Pour lui, la prison était sa maison, alors que la vie en liberté était comme s’exposer aux intempéries." Devenu avocat, Ignacio retrouve Zarco vingt ans plus tard lorsqu’il est transféré à la prison de Gérone. A la demande de Tere, ou sous l’effet d’une culpabilité résiduelle, il sera le défenseur du célèbre délinquant sur lequel pèsent plus de 150 années de prison. Malgré un style très linéaire et passif lié à la technique d’interviews, le récit se révèle passionnant. D’ailleurs, il me semble même que ce rythme permet de mieux s’installer dans l’histoire, de disséquer calmement les sentiments des différents protagonistes. Enfin, plutôt tenter de disséquer parce que les personnages de Zarco et de Tere sont suffisament énigmatiques pour ne pas en appréhender toutes les facettes. C’est une merveilleuse façon de me laisser avec cette impression d’avoir écouté une légende, celle de Zarco et Tere. Je garderai longtemps en mémoire les personnages d’Ignacio, alias Le Binoclard, de Tere et de Zarco, l’histoire de cette rencontre improbable qui marque les destins de chacun. "Vous étiez son dernier admirateur, le dernier compagnon de Lin Chung."
Adolescents, ils grandirent avec le feuilleton La frontière bleue, version asiatique de Robin des bois. Lin Chung, le justicier et sa compagne Hu San-Niang se rebellaient contre le méchant favori de l’empereur Kao Chiu. Une rivière, le Liang Shan Po les séparait. Lorsque Ignacio Cañas , jeune adolescent d’une famille de classe moyenne, brutalisé par Batista traverse la frontière nord est de la ville et y rencontre Zarco et son amie Tere, il a l’impression de rejoindre un clan de justicier. Très vite, il tombe amoureux de Tere, cette jeune femme intrigante et libérée et vénère l’emblématique Zarco. " pendant trois mois dans mon adolescence, j’ai admiré Zarco – j’ai admiré sa sérénité, son courage, son audace- et je n’ai jamais cessé de l’admirer."Zarco devient très vite une figure médiatique, symbole de la délinquance de cette période de passage du franquisme à la démocratie. Le récit est en fait celui des interviews d’un écrivain avec Ignacio devenu avocat, l’inspecteur Cuenca qui fut le premier policier à arrêter Zarco et le directeur de la prison de Gérone, Eduardo Requena. Chacun va tenter d’expliquer les liens entre les trois personnages, ce qui les a conduit vers la délinquance et comment ils ont ensuite évolué. Au-delà de l’histoire de ce trio infernal, l’auteur évoque dans un premier temps les circonstances qui peuvent conduire à la délinquance (quartiers défavorisés, milieu familial, sentiment d’insécurité, drogue) ou l’éviter ( soutien du père d’Ignacio, éducation, classe sociale) puis la machine à broyer du système carcéral et les difficultés de réinsertion. " Pour lui, la prison était sa maison, alors que la vie en liberté était comme s’exposer aux intempéries." Devenu avocat, Ignacio retrouve Zarco vingt ans plus tard lorsqu’il est transféré à la prison de Gérone. A la demande de Tere, ou sous l’effet d’une culpabilité résiduelle, il sera le défenseur du célèbre délinquant sur lequel pèsent plus de 150 années de prison. Malgré un style très linéaire et passif lié à la technique d’interviews, le récit se révèle passionnant. D’ailleurs, il me semble même que ce rythme permet de mieux s’installer dans l’histoire, de disséquer calmement les sentiments des différents protagonistes. Enfin, plutôt tenter de disséquer parce que les personnages de Zarco et de Tere sont suffisament énigmatiques pour ne pas en appréhender toutes les facettes. C’est une merveilleuse façon de me laisser avec cette impression d’avoir écouté une légende, celle de Zarco et Tere. Je garderai longtemps en mémoire les personnages d’Ignacio, alias Le Binoclard, de Tere et de Zarco, l’histoire de cette rencontre improbable qui marque les destins de chacun. "Vous étiez son dernier admirateur, le dernier compagnon de Lin Chung."
  • Passionnant
  • XXe siècle
  • Catalogne
  • Gérone
  • Zarco
  • Tere
  • Ignacio le Binoclard
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