Voici une bande-dessinée dense, riche de tons sépia, et qui raconte deux histoires d'amour.
Celle d'un vigneron des pays de Loire, devenu tardivement producteur de vin ; celle d'un dessinateur de bande-dessinée, ce 9e art.
Si le métier d'Etienne Davodeau m'a peu touché, en revanche, l'amour de Richard pour ses pieds de vigne m'a ému.
Car le viticulteur est d'abord un amoureux et un passionné, capable de passer les 3/4 de l'année le nez dans ses ceps, les taillants, les attachants, les remplaçants parfois, leur parlant, toujours. De produit chimique, très peu, le moins possible
: il jardine avec la lune, le compost naturel, une viticulture en biodynamie. Il rencontre d'autres viticulteurs, comparant leur sol, leur taux de soufre (très important, le soufre), dégustant jusqu'au bout de la nuit.
Avec cet ouvrage, j'ai découvert que le métier de vigneron se déroule d'abord et avant tout dans les vignes. La bouteille finale ne représente qu'une infime part du travail, le travail de mère-nature.
L'image que je retiendrai :
Celle de Richard, hirsute au début de l'histoire, en plein hiver ; rasé de frais dès le printemps. Comme ses vignes, il se met en hibernation et ne se rase pas quand il coupe et prépare ses ceps.
Un grand cru de la bande dessinée
Lorsqu'un écrivain de bande dessinée et un vigneron s'associent pour se faire découvrir mutuellement leur univers, on ne sait pas à quoi s'attendre. Cela a donné "Les ignorants", récit drôle et bien senti d'une double initiation, à la découverte des grands cru et du monde de l'édition.
Un dessin en noir et blanc simple et efficace, des anecdotes bien choisies et des explications pédagogiques et passionnantes. Une très belle idée qui se concrétise dans un très bel ouvrage.