Nous sommes en 1617, à Vardø, en Norvège, et où une violente tempête fait rage. Ce cataclysme va causer un véritable bouleversement humain, car quarante pêcheurs vont y trouver la mort… Les hommes de Vardø sont presque tous décédés, et les femmes du village vont devoir assumer seules leurs subsistances, que ce soit dans les tâches qu’elles assumaient d’habitude ou même en allant pêcher, un travail d’habitude assuré par les hommes. Un coup dur pour le village, et pour les femmes, qui vont non seulement perdre des bras nécessaires au travail mais – surtout – elles vont
perdre des compagnons, des maris, des fils, des frères… Comme Maren Magnusdatter, qui perd son frère et son père.
Trois ans plus tard, les femmes ont réussit à survivre et à se débrouiller par elles-mêmes. Mais l’arrivé d’un nouveau venu nommé Absalom Cornet va une nouvelle fois bouleverser leurs existences. C’est un homme sinistre, avec le soutien d’hommes puissants, et qui « excelle » dans la chasse aux « sorcières ». Sa jeune épouse, Ursa, est terrifiée et sous l’emprise de cet homme. Pour lui, Vardø est un endroit abandonné par Dieu et hanté par les superstitions, notamment celles des Samis. Pour Ursa, c’est un endroit où les femmes peuvent être égales aux hommes. Son amitié avec Maren va bouleverser sa vie, de plus d’une façon…
J’étais très tentée par Les graciées, que ce soit grâce à la couverture frappante ou au résumé très alléchant. Quelques heures de lectures plus tard, j’étais conquise !
Les graciés, c’est un ouvrage vraiment marquant. Souvent dur, et tout le tout temps touchant. C’est un livre devant lequel on ne peut pas rester indifférent, et qui bouscule sans concession. Que ce soit l’époque, les fait relatés, la violence subies par les femmes… C’est nécessaire de raconter, c’est dur, c’est violent ! Je connais déjà un peu la thématique de cette fameuse « chasse aux sorcières », mais Kiran Millwood Hargrave nous replonge dans cette époque avec beaucoup de talent et de sensibilité. Et cela touche énormément ! Surtout lorsqu’on sait que Les graciés est inspiré de la réalité… Car Vardø est une ville qui existe réellement, et il y a eu un grand nombre de procès de sorcières au cours du 17ème siècle. Selon les sources, on compterait environ 90 décès, que ce soit des Norvégiennes ou des Samis, et accusées d’être des sorcières. On ne compte pas le nombre de personnes (des femmes le plus souvent) qui ont été assassinées dans le monde, sur simple accusation de sorcellerie. Des femmes qu’on disait « différentes », « bizarres », ou qui pratiquaient une autre religion, une autre manière de soigner… C’est un sujet que l’on aborde beaucoup trop rarement dans les cours d’histoire, et c’est pourtant un sujet essentiel à traiter !
Kiran Millwood Hargrave a écrit un livre magnifique et très dur, à lire impérativement. Que ce soit le sujet traité, les descriptions de paysages, l’époque ou l’écriture de l’auteure, tout est excellent. Les graciés est un livre très féministe, Maren et Ursa sont très bien décrites, on les voit évoluer tout au long de l’histoire, de manière subtile et crédible. Le lien qui unit ces deux femmes est très touchant et profond. Les personnages masculins sont plus rares, et ceux que l’on voit sont souvent d’horribles personnes – à la manière de Absalom Cornet. Sans doute un des pires personnages que j’ai pu rencontrer ! Et il est probablement basé sur des individus pire encore…
Je recommande Les graciés sans hésiter une seule seconde !
Kiran Millwood Hargrave
Norvège, début 17e. Tous les hommes ayant péri dans une tempête, les femmes se retrouvent seules sur l’île de Vardo. La vie se réorganise, les liens se tissent – jusqu’à l’arrivée de la jeune Ursen et de son mari, fanatique religieux, homme froid et cruel.
Un roman fort, puissant, sur l’émancipation féminine il y a quatre siècles déjà. Ambiance sublime et frigorifique, écriture géniale. A lire dé préférence roulé dans un plaid avec une tasse de thé.