C’est un coin d’Amérique profonde, une région rurale et plutôt déshéritée, mais qui, au coeur de ses collines des contreforts des Appalaches, abrite une nature généreuse et sauvage, à l’écart du monde et de son tapage. L’on y vit encore selon des codes ancestraux prônant l’ardeur au travail et l’honneur du sang, prêt à se défendre bec et ongle contre ce qui viendrait troubler un ordre depuis longtemps figé. Hommes taiseux et femmes teigneuses ne craignant rien ni personne, tous dans la petite localité de Rocksalt se connaissent ainsi de près ou de loin malgré leur distance bourrue et n’hésiteront pas à se prêter main forte face à l’étranger malveillant.
C’est là qu’en convalescence après une blessure de guerre, l’enquêteur militaire Mick Hardin, déjà protagoniste des Gens des collines, le précédent et premier tome de ce qui sera à terme une trilogie policière, est revenu cohabiter avec les fantômes de son enfance autant qu’avec sa sœur, première femme shérif du comté en pleine campagne pour sa réélection. Alors qu’il se morfond, abusant un peu trop des antidouleurs sans pouvoir se résoudre à signer les papiers de son divorce, Shifty Kissick, une veuve âgée qui le renvoie au souvenir du grand-père qui l’a élevé, lui l’orphelin, dans sa cabane au milieu des bois, lui demande d’enquêter sur la mort de son fils, un dealer sans envergure que la police a déjà classé aux pertes et profits des règlements de comptes entre rivaux.
Ses vieux réflexes militaires aussitôt réveillés pour le bien de « ceux qui n’ont pas encore été tués », voilà notre homme embarqué dans les péripéties musclées d’une affaire aux ramifications inattendues, susceptibles de l’entraîner, selon la vieille loi locale de l’honneur et du sang, dans un exercice d’auto-justice au prix exorbitant. Rondement menée dans un suspense sans faille, l’action laisse les pages se tourner d’elles-mêmes. Mais si, comme à la fin de toute intrigue policière, les coupables trouvent leur châtiment, ce n’est ici, dans une mélancolie déchirée entre l’attachement viscéral à la beauté paisible des lieux et la violence employée pour la défendre, que pour mieux souligner l’insoluble tragédie d’un homme rattrapé malgré lui par les atavismes culturels qu’il s’était évertués à fuir au loin.
Comme à son habitude, Chris Offutt signe avec ce dernier ouvrage bien plus qu’un polar addictif et enlevé. Peinture de l’Amérique rurale du Kentucky comme figée dans un autre temps, sa prose est aussi une réflexion mélancolique et fervente sur ce qui nous pousse, malgré la douleur, à rompre avec nos attachements et nos racines, à envisager l’avenir plutôt que le passé.
C’est un coin d’Amérique profonde, une région rurale et plutôt déshéritée, mais qui, au coeur de ses collines des contreforts des Appalaches, abrite une nature généreuse et sauvage, à l’écart du monde et de son tapage. L’on y vit encore selon des codes ancestraux prônant l’ardeur au travail et l’honneur du sang, prêt à se défendre bec et ongle contre ce qui viendrait troubler un ordre depuis longtemps figé. Hommes taiseux et femmes teigneuses ne craignant rien ni personne, tous dans la petite localité de Rocksalt se connaissent ainsi de près ou de loin malgré leur distance bourrue et n’hésiteront pas à se prêter main forte face à l’étranger malveillant.
C’est là qu’en convalescence après une blessure de guerre, l’enquêteur militaire Mick Hardin, déjà protagoniste des Gens des collines, le précédent et premier tome de ce qui sera à terme une trilogie policière, est revenu cohabiter avec les fantômes de son enfance autant qu’avec sa sœur, première femme shérif du comté en pleine campagne pour sa réélection. Alors qu’il se morfond, abusant un peu trop des antidouleurs sans pouvoir se résoudre à signer les papiers de son divorce, Shifty Kissick, une veuve âgée qui le renvoie au souvenir du grand-père qui l’a élevé, lui l’orphelin, dans sa cabane au milieu des bois, lui demande d’enquêter sur la mort de son fils, un dealer sans envergure que la police a déjà classé aux pertes et profits des règlements de comptes entre rivaux.
Ses vieux réflexes militaires aussitôt réveillés pour le bien de « ceux qui n’ont pas encore été tués », voilà notre homme embarqué dans les péripéties musclées d’une affaire aux ramifications inattendues, susceptibles de l’entraîner, selon la vieille loi locale de l’honneur et du sang, dans un exercice d’auto-justice au prix exorbitant. Rondement menée dans un suspense sans faille, l’action laisse les pages se tourner d’elles-mêmes. Mais si, comme à la fin de toute intrigue policière, les coupables trouvent leur châtiment, ce n’est ici, dans une mélancolie déchirée entre l’attachement viscéral à la beauté paisible des lieux et la violence employée pour la défendre, que pour mieux souligner l’insoluble tragédie d’un homme rattrapé malgré lui par les atavismes culturels qu’il s’était évertués à fuir au loin.
Comme à son habitude, Chris Offutt signe avec ce dernier ouvrage bien plus qu’un polar addictif et enlevé. Peinture de l’Amérique rurale du Kentucky comme figée dans un autre temps, sa prose est aussi une réflexion mélancolique et fervente sur ce qui nous pousse, malgré la douleur, à rompre avec nos attachements et nos racines, à envisager l’avenir plutôt que le passé.