La traversée avait été superbe. Ce serait donc enchantement que d'imaginer les premiers cercles des cabarets, de revivre les célébrations intimes de Bobina et les grandioses embrasements libertaires de la mutualité, de retourner à l'Alhambra, à l'Olympia, au Déjazet, à l'Opéra-Comique, au palais des Congrès et dans tant d'autres salles, de Paris, de province ou de banlieue, encore bruissantes de concerts inoubliables. Avec pour bagages près de trois cents chansons qui ne le sont pas moins, du Flamenco de Paris à Franco la muerte, de Graine d'ananar à Et basta !, de Paris Canaille à C'est extra, du Temps du tango à Avec le Temps, de La Vie moderne à Il n'y a plus rien, de L'Etang chimérique à La Mémoire et la mer. Et quelle promenade de mettre physiquement ses pas dans ceux de l'homme Ferré, de Monaco au Quartier latin, de Bordighera à Saint-Germain-des-Prés, du boulevard Pershing à l'îlot Du Guesclin, du château de Perdrigal à la semi-retraite toscane de Castellina-in-Chianti.
inverser le cours du temps, ramer à contre-courant, éperdument, vers le bonheur, ce "chagrin qui se repose", vers la clarté, l'âge d'or, les violons des violonades, les hoquets du pianola, la révolte, la folie, la beauté, la jeunesse. La vie d'artiste. Tu parles d'une chanson...