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Un soir d'orage, alors que le courant électrique a été coupé, un homme – qui ressemble beaucoup à l'auteur – est assis à une table, chez lui. Eclairé par le feu de la cheminée, il est en train de lire un livre pour enfant, Pinocchio. Dans la pénombre, une présence apparaît à ses côtés, une présence évanescente qui évoque le profil du fils qu'il n'a jamais eu. L'homme imagine lui adresser la parole, lui raconter sa vie : Naples, la nostalgie de la famille, la nécessité de partir, l'engagement politique.
A travers cette voix paternelle, ce fils spectral assume progressivement une consistance corporelle. Peu à peu, la confession devient confrontation, la curiosité un examen intérieur. Le monologue du départ se transforme en dialogue, au cours duquel un père et un fils se livrent sans merci. Si dans ses ouvrages précédents, l'auteur napolitain revenait déjà sur son passé, c'est seulement dans ce livre, qu'il raconte cet événement marquant : dans sa jeunesse, il aurait pu devenir père, mais sa compagne d'alors avait décidé d'interrompre sa grossesse, inattendue.
Que peut-on léguer d'une vie ? Auprès de qui la transmission revêt-elle une signification ? Voilà ce qui se joue sous la surface du Tour de l'oie, le livre le plus intime de l'auteur.
Rencontre au coin du feu
Je n'ai pas été vraiment convaincu par le concept du livre : le père qui parle de la vie et de sa vie avec le fils qu'il aurait pu avoir. Peut-être aussi parce qu'il m'a fallu un certain nombre de pages avant de comprendre que les phrases en gras étaient les commentaires du fils ! J'ai trouvé que l'interaction entre les deux marchaient peu. Au-delà de ça, cela reste un plaisir d'écouter De Luca conter les épisodes de sa vie, et le lieu qu'il a instauré pour cette rencontre, assis à cette table, près de sa cheminée, au soir de sa vie, marche très bien. D'autant qu'il glisse des punchlines puissantes et bouleversantes tout au long du récit. Mes deux préférées : " Il faut avoir du courage : je ne suis pas arrivé à en avoir, mais j'ai persécuté mes peurs jusqu'à les étourdir. " et " À Sarajevo stagnaient les gaz de l'encerclement. La ville était un peu moins fracassée que Mostar, rive est du fleuve Neretva, où j'ai découvert que les incendies des maisons ne réchauffent pas. Il existe des feux qui font geler. ".