Le Terroriste joyeux c'est un dialogue entre deux hommes que tout oppose : un terroriste et le policier qui l’interroge.
Malgré ce à quoi nous pourrions nous attendre, la dualité n’est pas là où elle était attendue…
Un jeu de rhétorique absurde s'engage entre l'interrogateur et le prisonnier. C'est comme si tour à tour et réciproquement, ils échangeaient leurs places avant de la reprendre. Un jeu auquel semble plus attaché le terroriste dit joyeux et que l'interrogateur suit par contrainte, puis par jeu peut-être, en toute inconscience. Cela ne se passe donc pas comme l'avait décidé l'enquêteur. La suite lui prouvera qu'en effet, il n'avait rien prévu... mais le sait-il seulement ?
Ce court roman, questionne les rapports de force, sociaux, économiques, ethniques, mais aussi littéraires tant est portée à son paroxysme chez l'auteur, l'art et la manière d'utiliser les mots.
Pas aussi déjanté malgré ce que laisse penser le début du dialogue (extrait du dialogue du début : "C'est précisément pour cette raison que nous ne l'appelons pas torture./ Ah. Malin./Merci. Et quoi qu'il en soit, ne vous inquiétez pas, tout se fait en douceur.../Je comprends./... rien que des choses qui ne laissent pas de marques trop visibles./Par exemple? On peut savoir?/Par exemple? On peut savoir?!/Les pratiques. Qui ne laissent pas de marques visibles./Ah. Eh bien, par exemple, mettre du heavy metal à fond...") Le texte est en outre, bel et bien absurde, et d'une profondeur vertigineuse, aussi bien dans le fond, par le choix du sujet abordé (le Terroriste joyeux, donc, mais aussi bavard et affable), que dans la forme, à travers ce simple et long dialogue dans lequel les personnages ne sont ni identifiés ni identifiables et dans lequel, par conséquence, tout est permis.
Un titre français qui n'est pas sans évoquer, dans un hommage flagrant de l'auteur, de sa traductrice et de ses éditeurs, "Le banquier anarchiste" du compatriote Fernando Pessoa (titre original 'Osso', "os" semble-t-il, quel sens peut-on donner à cela ? Non-sens peut-être).
Le court texte qui suit s'intitule, lui, "Le virus de l'écriture" et nous fait croire, l'espace de quelques pages, à un apocalypse d'un nouveau genre : l'écriture a envahi les peuples du monde. Tous, du bébé au vieillard, du médecin au chauffeur de taxi. Tous écrivent. La société se dérègle car personne n'agit plus pour la faire tourner : tous écrivent. Le narrateur, seul, lance un appel... à ceux qui lisent encore.
Fatale, envoûtante, cette nouvelle décoiffe son lecteur. Et pour peu qu'il ait été atteint par le virus de l'écriture... retenez-le de continuer...
Deux traductions magnifiques du portugais par Maira Muchnik
Agullo éditions, 14,90€, paru le 22 août 2019
Le Terroriste joyeux c'est un dialogue entre deux hommes que tout oppose : un terroriste et le policier qui l’interroge.
Malgré ce à quoi nous pourrions nous attendre, la dualité n’est pas là où elle était attendue…
Un jeu de rhétorique absurde s'engage entre l'interrogateur et le prisonnier. C'est comme si tour à tour et réciproquement, ils échangeaient leurs places avant de la reprendre. Un jeu auquel semble plus attaché le terroriste dit joyeux et que l'interrogateur suit par contrainte, puis par jeu peut-être, en toute inconscience. Cela ne se passe donc pas comme l'avait décidé l'enquêteur. La suite lui prouvera qu'en effet, il n'avait rien prévu... mais le sait-il seulement ?
Ce court roman, questionne les rapports de force, sociaux, économiques, ethniques, mais aussi littéraires tant est portée à son paroxysme chez l'auteur, l'art et la manière d'utiliser les mots.
Pas aussi déjanté malgré ce que laisse penser le début du dialogue (extrait du dialogue du début : "C'est précisément pour cette raison que nous ne l'appelons pas torture./ Ah. Malin./Merci. Et quoi qu'il en soit, ne vous inquiétez pas, tout se fait en douceur.../Je comprends./... rien que des choses qui ne laissent pas de marques trop visibles./Par exemple? On peut savoir?/Par exemple? On peut savoir?!/Les pratiques. Qui ne laissent pas de marques visibles./Ah. Eh bien, par exemple, mettre du heavy metal à fond...") Le texte est en outre, bel et bien absurde, et d'une profondeur vertigineuse, aussi bien dans le fond, par le choix du sujet abordé (le Terroriste joyeux, donc, mais aussi bavard et affable), que dans la forme, à travers ce simple et long dialogue dans lequel les personnages ne sont ni identifiés ni identifiables et dans lequel, par conséquence, tout est permis.
Un titre français qui n'est pas sans évoquer, dans un hommage flagrant de l'auteur, de sa traductrice et de ses éditeurs, "Le banquier anarchiste" du compatriote Fernando Pessoa (titre original 'Osso', "os" semble-t-il, quel sens peut-on donner à cela ? Non-sens peut-être).
Le court texte qui suit s'intitule, lui, "Le virus de l'écriture" et nous fait croire, l'espace de quelques pages, à un apocalypse d'un nouveau genre : l'écriture a envahi les peuples du monde. Tous, du bébé au vieillard, du médecin au chauffeur de taxi. Tous écrivent. La société se dérègle car personne n'agit plus pour la faire tourner : tous écrivent. Le narrateur, seul, lance un appel... à ceux qui lisent encore.
Fatale, envoûtante, cette nouvelle décoiffe son lecteur. Et pour peu qu'il ait été atteint par le virus de l'écriture... retenez-le de continuer...
Deux traductions magnifiques du portugais par Maira Muchnik
Agullo éditions, 14,90€, paru le 22 août 2019