-
Indispensable
-
Drôle
-
Inattendu
-
XXIe siècle
-
Etats Unis
-
roman
-
humour
-
rentree litteraire
-
LOS ANGELES
-
marche
-
tadjikistan
-
frontière
-
espion
-
britney spears
-
lindsay lohan
-
paparazzi
-
recit de voyage
-
déambulation urbaine
Le tout ne pourrait être qu'une plaisanterie : "J'étais arrivé à Los angeles dans la soirée du premier avril". Mais ça va un peu plus loin que ça et quand on a essayé de porter à chaque sortie les livres de Jean Rolin vers plus de lecteur, on se réjouit d'avoir là quelque chose de plus facile à proposer, une déambulation urbaine comme toujours mais avec un jeu et un recour à la fiction qui dilue et amuse. L'agent des services secrets français qu'il campe en planque à Los Angeles au motel The End et plus tard relégué sur la frontière du Tadjikistan est le personnage idéal à
la mission parfaite pour aborder cette ville extra-plate et extra-vide et l'hystérie qui l'entoure. Car de planques de paparazzi en poursuites de paparazzi, on suit le quotidien d'une star d'aujourd'hui, du vent motorisé qui fuit, se cache, se défend et arpente des centaines de kilomètres en voiture de luxe pour une ville qui n'est faite que pour la voiture et le toilettage pour chien. Notre agent a d'ailleurs bien du mal à la suivre parce qu'il n'a pas le permis mais en prenant le bus, c'est le Los Angeles légendaire et littéraire que l'on découvre en bout de route ou de terrain vague, lieux où Jean Rolin avait autrefois fixé ses camps provisoires d'exploration à la frontière des villes pour mieux comprendre par quelques excursions ou circonvolutions successives son environnement et l'actualité. La monotonie et la banalité suburbaine de L.A. n'a jamais été mieux rendu que par cette fantasque fiction. Notre espion qui venait du chaud peine à déjouer un hypothétique attentat islamiste contre la star et craque un peu pour sa concurrente : Lindsay Lohan quand il n'apprend un peu de la vie avec d'étranges paparazzi sur le retour. En contrepoint la frontière Tadjique lui offre le retrait nécessaire et l'oreille à cette folle aventure en la personne de Shokemur dont la vie et la besogne offre un drôle de contraste même si cet agent russe pure et dure aime aussi à entendre les dernières aventures de Britney Spears et les rumeurs qui entourent tous ses mouvements comme tout le monde. Sur un scénario abracabrantesque mais très drôle, Jean Rolin fait un portrait hors norme de Los Angeles où l'on peut apprécier bretelles d'atoroutes, salon pour chien et sa célèbre police... Encore une impasse, une zone dont il a su faire un roman, un récit de voyage inédit et inattendu dont le sujet a inspiré à son auteur une chose inédite et drôle. Le génie des lieux impose parfois quelques travestissements...
A Frenchman in L.A.
Me délectant à la fois des gesticulations bruyantes de Britney Spears et de la prose magnifique de Jean Rolin, je ne pouvais manquer de passer à côté de ce curieux livre de la rentrée littéraire 2011 dont le titre évoque comme une promesse le célèbre roman de Marguerite Duras. Toute l’histoire ressemble à une vaste blague et donne l’occasion à l’auteur de croquer l’univers de la pop culture avec une plume mordante et ironique : on perçoit avec beaucoup d’amusement et de justesse toute la vacuité d’un monde qui n’existe qu’à travers le prisme des médias de seconde zone rapportant les moindres faits et gestes, même les plus insignifiants, de ces stars superficielles... Mais cette histoire n’est ici qu’un prétexte pour ce qui constitue à mon sens la vraie force de ce livre : une déambulation au cœur de la ville tentaculaire de Los Angeles. Car bien vite, le narrateur se désintéresse de sa mission qui lui apparaît comme un canular et se retrouve à flâner dans cette mégalopole américaine, à pied ou en transports en commun (il n’a pas le permis), au gré de ces rencontres avec les paparazzis ou de ses occupations (qui se résument souvent à se déplacer dans tel ou tel endroit visité auparavant par Britney Spears ou Lindsay Lohan). Souvent les phrases se prolongent jusqu’à l’excès et on se perd avec délice en elles comme on se fourvoie avec le narrateur complètement paumé dans une cité labyrinthique gigantesque qui dépasse l’entendement humain.