Alors qu'on imaginait qu'avec Blast, Manu Larcenet atteignait son apothéose graphique, voilà qu'un des auteurs de BD français les plus prolifiques du pays rempile avec un bloc de 300 pages, coupé en deux volumes, dans un élégant format à l'italienne : Le Rapport de Brodeck.
Et si le format impressionne, ce n'est rien à côté des planches incroyables que délivre Larcenet, d'un noir et blanc charbonneux incisif et graphique à souhait. Les gueules burinés des membres de ce village perdu quelque part en Autriche (on le suppose) nous agrippe la cornée jusqu'à la dernière page tournée, tandis que l'on suit l'histoire de Brodeck.
Brodeck, c'est un homme revenu d'un enfer. Un aller simple que lui ont offert les gens du village, et où on l'a traité comme un chien. Le retour au bercail est compliqué, surtout quand les membres du village lui demande d'écrire un rapport sur la venue d'un étranger il y a quelques temps, afin de clarifier la situation quant à son étrange disparition. Cette disparition d'ailleurs , Brodeck la voit d'un oeil un peu méfiant. Après tout, sa propre communauté l'a bien balancé aux monstres allemands, alors tuer quelqu'un qui furète partout...
Mais le problème, c'est ce foutu rapport que Brodeck doit écrire. Car le maire lui a bien dit qu'il devait y dire que la vérité et rien d'autre, qu'il devait oublier le superflu... Mais qu'est ce qui est superflu, dans cette histoire ?
Une nouvelle fois, Larcenet mitraille le paysage bédéesque sans aucune pitié, à grand renfort de cartouches picturales noir et blanc de gros calibre. Le trait ? Précis, détaillé. Les compositions ? Amples, puissantes, saisissantes. L'histoire de Brodeck nous saisit à la gorge, tandis qu'on essaie de se remettre de la claque graphique, tant elle dépeint avec force la perversion humaine dans toute sa déliquescence.
Ce village paumé au coeur des montagnes, c'est un microcosme de l'horreur de l'humain, de sa face sombre, où même le pasteur se décrit comme l'égout de leurs pensées et de leurs péchés. Les rares faces joviales ne le restent jamais bien longtemps, parmi les tréfonds de ces vallons enneigés où l'humanité a plié bagages depuis longtemps, et Larcenet ne laisse d'ailleurs jamais briller la lueur de l'espoir, même jusqu'aux dernières pages.
On ne lâche ce bijou qu'après une éreintante lecture, qui nous aura aspiré toutes forces. Mais pourtant, on en ressort étrangement grandi et ressourcé, après avoir écumé autant de noirceur.
Alors qu'on imaginait qu'avec Blast, Manu Larcenet atteignait son apothéose graphique, voilà qu'un des auteurs de BD français les plus prolifiques du pays rempile avec un bloc de 300 pages, coupé en deux volumes, dans un élégant format à l'italienne : Le Rapport de Brodeck.
Et si le format impressionne, ce n'est rien à côté des planches incroyables que délivre Larcenet, d'un noir et blanc charbonneux incisif et graphique à souhait. Les gueules burinés des membres de ce village perdu quelque part en Autriche (on le suppose) nous agrippe la cornée jusqu'à la dernière page tournée, tandis que l'on suit l'histoire de Brodeck.
Brodeck, c'est un homme revenu d'un enfer. Un aller simple que lui ont offert les gens du village, et où on l'a traité comme un chien. Le retour au bercail est compliqué, surtout quand les membres du village lui demande d'écrire un rapport sur la venue d'un étranger il y a quelques temps, afin de clarifier la situation quant à son étrange disparition. Cette disparition d'ailleurs , Brodeck la voit d'un oeil un peu méfiant. Après tout, sa propre communauté l'a bien balancé aux monstres allemands, alors tuer quelqu'un qui furète partout...
Mais le problème, c'est ce foutu rapport que Brodeck doit écrire. Car le maire lui a bien dit qu'il devait y dire que la vérité et rien d'autre, qu'il devait oublier le superflu... Mais qu'est ce qui est superflu, dans cette histoire ?
Une nouvelle fois, Larcenet mitraille le paysage bédéesque sans aucune pitié, à grand renfort de cartouches picturales noir et blanc de gros calibre. Le trait ? Précis, détaillé. Les compositions ? Amples, puissantes, saisissantes. L'histoire de Brodeck nous saisit à la gorge, tandis qu'on essaie de se remettre de la claque graphique, tant elle dépeint avec force la perversion humaine dans toute sa déliquescence.
Ce village paumé au coeur des montagnes, c'est un microcosme de l'horreur de l'humain, de sa face sombre, où même le pasteur se décrit comme l'égout de leurs pensées et de leurs péchés. Les rares faces joviales ne le restent jamais bien longtemps, parmi les tréfonds de ces vallons enneigés où l'humanité a plié bagages depuis longtemps, et Larcenet ne laisse d'ailleurs jamais briller la lueur de l'espoir, même jusqu'aux dernières pages.
On ne lâche ce bijou qu'après une éreintante lecture, qui nous aura aspiré toutes forces. Mais pourtant, on en ressort étrangement grandi et ressourcé, après avoir écumé autant de noirceur.