Quelle aventure ! Il y aurait tellement de choses à dire sur ce roman ! En même temps, vu son épaisseur il s’y passe forcément deux-trois petites choses... ^^
Le Prieuré de l’Oranger, c’est une fabuleuse épopée mêlant plusieurs destins, peuplée de dragons et autres bestioles plus ou moins mignonnes et qui se joue dans le théâtre d’un monde créé de toutes pièces mais avec une incroyable minutie. C’est plutôt long à se mettre en place, ça se lit avec patience, presque avec méthode, mais c’est si dense qu’il faut bien ça pour profiter pleinement de tous ces détails
tissés avec tant de précision que c’en est presque effrayant. On peut dire sans exagérer que Samantha Shannon est une virtuose, et j’ai hâte de voir si on retrouve ce talent dans The Bone Season, sa série également traduite chez De Saxus dont le premier tome m’attend déjà sur mes étagères.
Outre ce travail incroyable de construction de l’univers, des personnages et de l’intrigue, ce qui m’a le plus marqué c’est la façon dont les femmes sont mises à l’honneur, et en aucun cas rabaissées face aux hommes. Si des hommes ont une importance de premier ordre dans cette histoire, ce sont avant tout des femmes qui la portent. Les femmes y sont des guerrières, de puissantes magiciennes, des reines, mais aussi des amies, des amantes et des ennemies. J’ai vraiment aimé la façon dont elle en a fait des femmes fortes, sans pour autant tomber dans le travers assez courant d’en faire des femmes masculines, des femmes « à couilles ». Les femmes restent des femmes sans avoir besoin de jouer aux hommes et c’est pour ça qu’elles sont fortes, mais surtout magnifiques, chacune à leur manière.
Un superbe roman, un peu déroutant parfois, plutôt complexe souvent, mais qui mérite amplement son succès et le temps considérable qu’il faut lui accorder quand on décide de s’y plonger…
L'un des plus formidables récits de fantasy qui m'ait été donné de découvrir.
Depuis des siècles, un redoutable et gigantesque dragon né des flammes de la terre – le Sans-Nom – dort, vaincu par le chevalier Galian. Mais un millénaire s'est écoulé depuis, et ses rejetons draconiques se réveillent les uns après les autres, précédant probablement leur maître... Et le monde, plus divisé que jamais, refuse de voir que sa fin approche.
Ne vous fiez pas à l'évocation de Game of Throne sur la couverture (même si l'affirmation est vraie) ; de la fantasy et des dragons, la comparaison s'arrête là. Pas de litres de sang sur le parquet, pas d'inceste malsain ou de sacrifice humain. La fantasy y est plus douce, plus humaine (et moins misogyne), sans pour autant verser dans le mièvre, ni oublier une certaine finesse. Le style est clair et percutant, grâce à une intrigue parfaitement bien ficelée et des personnages justes, évoluant sans cesse, à l'instar des relations entre ceux-ci. Samantha Shannon livre ici un produit fini et lissé, d'une grande profondeur, auquel on a du mal à s'arracher.