En cours de chargement...
Le nazisme est trop souvent présenté comme un mouvement profondément antimoderne, obsédé par un passé mythique et exaltant la communauté du sang et de la tradition culturelle. Dans ce livre, qui a fait date par son approche radicalement nouvelle, Jeffrey Herf montre au contraire qu'il a voué un culte délirant à la technologie la plus avancée. Pour ce faire, le grand historien américain s'est livré à une enquête approfondie sur les origines idéologiques du Ille Reich, mettant en lumière une nébuleuse originale d'intellectuels, dont plusieurs ont marqué l'histoire des idées, comme Oswald Spengler, Ernst Jünger, Werner Sombart ou Carl Schmitt.
Le point commun de ces "modernistes réactionnaires" est d'avoir fusionné certaines dimensions de la société industrielle -son mode de production et sa technologie, la rationalité instrumentale-, avec la culture du nationalisme allemand, caractérisée par sa haine de la raison et de la démocratie. Les conclusions qui se dégagent de cette passionnante enquête, qui a renouvelé l'interprétation du phénomène nazi, et jusqu'ici étonnamment restée inédite en français, sont les suivantes : d'une part, la modernité n'est pas un phénomène monolithique, qu'il faudrait accepter ou rejeter en bloc ; d'autre part, l'adhésion à la modernité technique n'est pas en soi un gage d'émancipation.
épistémo
Comment s'agence et s'articule la notion de modernité et de progrès avec celle de réaction et de nostalgie?
C'est, entre autre, à l'aune de ce questionnement que le nazisme est abordé. Souvent envisagée schématiquement comme une idéologie nostalgique (mythologie nazie), nous pouvons constater à quel point le modernisme (et un rapport singulier à la technologie) et cet élan réactionnaire sont consubstantiellement liés.
Plus largement, l'auteur pose l'examen de l'écosystème qui va accoucher du nazisme.
Dans cet examen de ce qui fait que la pensée nazie va exister, nous croiserons Spengler, Heidegger, Schmitt ou encore Sombart.
Stimulant.