Voilà un livre qui désarçonne à plus d’un titre.
Déjà, la structure même de l’ouvrage surprend : il s’agit d’un roman de 160 pages découpé en courts chapitres de deux à trois pages. Le récit est donc haché en différentes séquences racontant la vie quotidienne de ces deux jumeaux avec leur grand-mère. Ces séquences au début s’enchaînent sans aucun fil directeur, donnant au livre un aspect un peu décousu ; puis progressivement, elles se resserrent autour de micros intrigues auxquelles le lecteur peut se raccrocher, avec des personnages qui reviennent et qui se précisent – ce qui contribue à rendre l’ensemble finalement cohérent.
Mais, ce qui déroute vraiment ici, c’est l’écriture. Agota Kristof utilise une langue vraiment particulière qui ne laisse aucune place aux sentiments et aux émotions. Ce qui compte, c’est la description objective, froide et clinique des choses telles quelles sont exactement en réalité. Ce choix d’écriture permet à l’auteur d’approcher au plus près de la vérité de l’être humain et ce qu’elle nous montre n’est pas beau à voir : les jumeaux sont des monstres à force de ne plus rien ressentir, la grand-mère est avare et méchante, les plus forts n’hésitent pas à abuser des plus faibles sur tous les plans… En toile de fond, la guerre fait rage et contribue à avilir les âmes qui survivent.
Au final, ce qu’on lit, c’est ce fameux « grand cahier » qu’écrivent les jumeaux : un objet littéraire désincarné, froid glaçant et dérangeant ; une œuvre véritable qui prend aux tripes et ne laisse pas indifférent.
Voilà un livre qui désarçonne à plus d’un titre.
Déjà, la structure même de l’ouvrage surprend : il s’agit d’un roman de 160 pages découpé en courts chapitres de deux à trois pages. Le récit est donc haché en différentes séquences racontant la vie quotidienne de ces deux jumeaux avec leur grand-mère. Ces séquences au début s’enchaînent sans aucun fil directeur, donnant au livre un aspect un peu décousu ; puis progressivement, elles se resserrent autour de micros intrigues auxquelles le lecteur peut se raccrocher, avec des personnages qui reviennent et qui se précisent – ce qui contribue à rendre l’ensemble finalement cohérent.
Mais, ce qui déroute vraiment ici, c’est l’écriture. Agota Kristof utilise une langue vraiment particulière qui ne laisse aucune place aux sentiments et aux émotions. Ce qui compte, c’est la description objective, froide et clinique des choses telles quelles sont exactement en réalité. Ce choix d’écriture permet à l’auteur d’approcher au plus près de la vérité de l’être humain et ce qu’elle nous montre n’est pas beau à voir : les jumeaux sont des monstres à force de ne plus rien ressentir, la grand-mère est avare et méchante, les plus forts n’hésitent pas à abuser des plus faibles sur tous les plans… En toile de fond, la guerre fait rage et contribue à avilir les âmes qui survivent.
Au final, ce qu’on lit, c’est ce fameux « grand cahier » qu’écrivent les jumeaux : un objet littéraire désincarné, froid glaçant et dérangeant ; une œuvre véritable qui prend aux tripes et ne laisse pas indifférent.