En cours de chargement...
Le " cul de Judas ", c'est le bourbier angolais dans lequel s'enferra l'armée coloniale portugaise au début des années 1970. Cette guerre est ici au
centre du récit, un torrentiel monologue intérieur du narrateur, ancien médecin aux armées revenu détruit d'Angola, qui raconte son enfer à une inconnue, tout au long d'une nuit de beuverie. Face
à la misère des peuples, au désarroi des esprits, à la bêtise de la hiérarchie, à la souffrance des corps, l'officier se réfugie dans l'évocation d'une épouse
à la fois chérie et trahie, dont on ne saura rien sinon qu'elle personnifie peut-être Lisbonne.
" Ce que je voudrais, ce n'est pas qu'on me lise, mais qu'on vive le livre. Mon but, c'est de faire en sorte que les mots signifient ces émotions. " Le théâtre apparaît comme un catalyseur évident de la beauté et de la densité de la prose de Lobo Antunes, ce à quoi
s'est attelé François Duval avec sa Compagnie Fortune Carrée dans cette adaptation.
L'ivresse de la lucidité
Ivre de lucidité, et de whisky, certes, le narrateur raconte à une femme de passage, lors d'une soirée dans un bar à Lisbonne, son expérience en Afrique, pendant la guerre d'Angola.
C'est l'alphabet d'une descente dans l'enfer de la mémoire, individuelle et collective, raconté dans une langue d'une richesse rare, toute en images, avec une verve folle qui nous fait penser aux chants désespérés de Lautréamont.
Un texte, dans ce qu'il porte comme témoignage, troublant. Un texte, dans sa richesse imagée, linguistique, dans son humour noir, ensorcelant. Un texte, en somme, à lire sans réserve. Avec ou sans whisky.