Dans les bas-fonds du Londres du milieu du 19ème siècle, un nourrisson est recueilli et adopté par Charlotte, jeune Irlandaise chassée de son pays par la famine. L’enfant s’appelle Freddy. Il ne découvrira que bien plus tard qu’il est le fils naturel de Karl Marx, lui aussi réfugié dans la capitale anglaise après avoir été refoulé de Prusse et de Paris. Pendant que le père rédige Le Capital tout en maintenant des habitudes bourgeoises aux crochets de son ami, le riche industriel Engels, Freddy grandit dans la misère, participe aux soulèvements populaires lors de la crise du
coton provoquée par la guerre de Sécession américaine, et se retrouve aux côtés des nationalistes irlandais par dévotion pour sa mère adoptive.
Karl Marx a bien eu un fils naturel, Frederick, né en 1851 d’une relation avec la bonne de la famille, et reconnu par Friedrich Engels. A partir de ce fait réel, l’auteur a librement imaginé la vie de Freddy et de sa nourrice, en faisant les personnages principaux d’une vaste fresque historique où tout, à part eux, est véridique.
On y découvre ainsi l’essor de l’industrie du coton en Angleterre et la misère ouvrière qui provoque de plus en plus d’insurrections, l’impact de la guerre de Sécession américaine sur l’économie anglaise, le sort des Irlandais après la Grande Famine et la déception de ceux qui se sont engagés auprès des Yankees dans l’espoir de se voir attribuer une terre, l’action des fenians et la violente répression anglaise…, mais surtout, en un contrepoint saisissant, les portraits étonnants de deux personnages déconcertants : Karl Marx et Engels, révolutionnaires bourgeois aux multiples contradictions.
Renforcé par le style d’écriture aux phrases courtes et sèches, le suspense autour du sort de Freddy est constant et maintient éveillé l’intérêt du lecteur du début à la fin de cette petite histoire enchâssée dans la grande, construite de manière crédible et passionnante à partir d’un fait méconnu, dans un foisonnement historique qui permet de saisir l’étonnante saveur des personnages de Marx et d’Engels. Un très bon moment de lecture, mêlant utilement l’intérêt à l’agrément.
L’enfant caché de Karl Marx
Dans ce deuxième roman, l’auteur a décidé de nous plonger dans l’Angleterre de fin de règne de la Reine Victoria, et de nous raconter l’histoire particulière d’un petit garçon, né illégitime et renié par son illustre père, Karl Marx.
L’auteur nous dépeint une Angleterre industrielle, cupide, voulant dominer le Monde, au sein de laquelle Karl Marx et son ami riche, Friedrich Engels, dit « le Lord du Coton », tous deux exilés d’Allemagne, n’ont aucune peine à s’intégrer.
Avec ce roman, Sébastien Spitzer nous donne à réfléchir sur l’auteur du Capital, qui pourtant vit comme un grand bourgeois, quel paradoxe !
Il nous éclaire sur la mondialisation industrielle et commerciale, qui existe déjà, et sur les conséquences de la guerre de Sécession sur l’approvisionnement du coton en Angleterre. Il traite aussi de la cause irlandaise au travers d’un personnage de fiction très attachant, Charlotte, la mère adoptive de cet enfant caché.