Chers Vous,
Pour son tout premier roman, Victoria Mas ouvre les portes d'un bâtiment emblématique parisien : la Salpêtrière. Mais loin de s'attacher à tout ce qui hante les murs de cet hôpital : la maladie, la douleur, l'isolement, les expériences médicales, les relations soignants-soignés, l'auteur remet au centre du lieu l'humain.
Bien sûr, Victoria Mas fait référence aux recherches du Professeur Charcot et de ses confrères. Bien sûr, ceux-ci rodent toujours un peu dans ce dortoir collectif de femmes aux diverses pathologies. Mais la voix est donnée à celles qui sont enfermées,
condamnées à disparaître aux yeux du Monde par la volonté d'un père, d'un frère, d'un mari....
"Un dépotoir pour toutes celles nuisant à l'ordre public.
Un asile pour toutes celles dont la sensibilité ne répondait pas aux attentes.
Une prison pour toutes celles coupables d'avoir une opinion."
Petit à petit, l'auteur détricote l'histoire de Louise, cette jeune fille abusée par un oncle, de Thérèse, abîmée par la vie mais pilier de toutes celles enfermées avec elle et d'Eugénie, cloîtrée par son père parce qu'elle s'intéresse à un sujet extrêmement tabou et dérangeant, à savoir le spiritisme.
"Elles ne sont plus des épouses, des mères ou des adolescentes,
elles ne sont pas des femmes qu'on regarde ou qu'on considère, elles ne seront jamais des femmes qu'on désire ou qu'on aime :
elles sont des malades. Des folles. Des ratées."
Et puis, il y a Geneviève, la seule "enfermée" volontaire puisqu'elle a décidé d'être infirmière, très jeune, quand elle a compris qu'une femme ne pourrait pas devenir médecin.... Geneviève, fascinée par les travaux du professeur Charcot qui, doucement, va glisser du camp de celles qui ne sont pas là pour cause de santé mais bien par soucis de confort masculin, pour leur éviter de parler, de déranger, de secouer une société profondément patriarcale qui n'est pas encore prête au changement.
"Libres ou enfermées, en fin de compte, les femmes n'étaient en sécurité nulle part.
Depuis toujours, elles étaient les premières concernées par des décisions qu'on prenait sans leur accord."
L'écriture de Victoria Mas peut paraître simple et dénuée de fioritures. Elle est avant tout empreinte de toute la tendresse pour ces femmes en souffrance, de toute la révolte contre cette société injuste, de toute la colère contre une institution qui fait passer la recherche médicale avant le confort du patient.
"La maladie déshumanise ; elle fait de ces femmes des marionnettes à la merci de symptômes grotesques,
des poupées molles entre les mains de médecins qui les manipulent et les examinent sous tous les plis de leur peau,
des bêtes curieuses qui ne suscitent qu'un intérêt clinique."
Un premier roman fort, triste, tendre, lumineux, surprenant... un premier roman qui remue, glace, chamboule....
http://cecibondelire.canalblog.com/archives/2019/12/08/37850291.html
un pemier roman exceptionnel
Une jeune femme de bonne naissance cachée à cause de sa différence .
Un sanatorium où les hommes ont tous les droits .
Une amitié inattendue .
Un roman poignant , écrit avec justesse .
Des personnages attachants .
Rares sont les premiers romans aussi aboutis .
A lire et relire sans modération !!!