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À découvrir
Dès le début de ma lecture, je me suis accrochée au ton, celle d'un vieux sage qui détient un secret. Sa voix, au cours de la nuit, va nous conter une fable, celle de la tribu à laquelle il a appartenu et en laquelle il a eu confiance de nombreuses années.
Certains se laisseront envoûter par l'imagination fantastique de l'auteur qui a imaginé cette société en quête de la vérité et de la pureté. Dans cette secte créée par Aum, avec son disciple Ali, vivent les Wafadar, les Yodha, les Grands Timoniers. On se retrouve au Sérail des Bonheurs fugitifs, au Creuset des Pulsions inéluctables.
Tous les noms sont évocateurs et poétiques. Mais le but ultime est de dépersonnaliser les adeptes de cette société en leur donnant un nom de code et même en leur retirant leur visage grâce à un masque, appelé l'éffigie. Aum voulait ainsi dénoncer le sentiment d'égoïsme, de capitalisme, de suprématie et de sauvagerie de la société de l'outre-monde.
Mais cet idéalisme entraîne l'exploitation des femmes, le rejet des faibles. L'auteur montre parfaitement le désir d'excellence du narrateur, Karna mais aussi ses périodes de doute.
Derrière cette construction très riche, ce qui m'a intéressée est l'analyse de société, de voir comment une idée, un meneur peut endoctriner des âmes. L'auteur montre les dérives sectaires et l'on pense inévitablement aux dérives de régime totalitaire, aux endoctrinements de mouvements intégristes ou religieux.
" Ils ont compris que l'homme doué de l'éloquence d'un dieu était souvent désireux de détrôner les dieux. C'est à la suite de cet épisode que le Père Bienveillant a promulgué une loi interdisant aux beaux parleurs d'intégrer le rang des purs."
J'ai beaucoup aimé la construction du roman qui alterne les récits du passé du narrateur et son attente au cours de cette dernière nuit en outre-monde. Il alterne le spectaculaire du récit personnel avec les réflexions de Karna sur la nature de l'homme.
Tarun Tejpal a ainsi construit une fable, un grand roman qui permet d'avoir une vision éclairée sur le danger de certaines utopies. L'auteur donne à réfléchir et prône l'intérêt du doute en alternance avec la foi.
" Il est follement présomptueux de croire qu'on peut corriger le monde, et sage de comprendre qu'on ne peut que l'endurer."
anticipation
Après avoir lu ici ou là ou encore là, des avis élogieux sur ce roman de la rentrée de septembre, je ne pouvais qu'avoir envie de le lire, j'avais juste oublié qu'il s'agissait d'un roman d'anticipation. Et la SF et moi, on n'est pas copain. Bien sûr, pas de petits hommes verts ici, mais un vocabulaire bien spécifique que je n'ai su appréhender.
Qui plus est, les phrases sont allambiquées, pleines de poncifs et de propagande ; à la longue, c'est plutôt lourd comme style.
Sans oublier des personnages qui s'appellent QT2 ou KK9, même si c'est complètement logique dans le récit, ça n'aide pas à l'identification....
L'histoire de la jeunesse et de la tradition de Aum m'a paru inutile, j'attendais que le récit démarre enfin, ce qui arrive à la moitié du livre.
L'histoire et la jeunesse aveugle du héros ne m'ont pas passionnés. Jamais il ne se pose de questions, et ce n'est pas faute de rencontrer des gens qui s'en posent ou de traverser des épreuves.
Tout est toujours axés sur la préparation au combat, ce qui me fait dire que ce roman est très masculin. Les femmes ne "servant" littéralement qu'à enfanter. Et même si c'est l'amour de deux femmes qui ouvrent les yeux à notre héros, il en aura mis du temps....
Même si la fin est touchante, je n'ai pas aimé cette lecture.
Une métaphore de société totalitaire, certes, mais qui aurait gagnée à offrir à la lectrice que je suis plus d'espoir.
L'image que je retiendrai :
Celle des Wafadar courant des heures et des heures et s'élevant dans le ciel pour se combattre.