Il s'appelle Darin Strauss, et a ressenti à trente-six ans le besoin d'écrire sur un événement dramatique survenu l'année de ses dix-huit ans. A quelques semaines de son examen final et du choix de son université, il se rend avec des amis au minigolf, lorsqu'il ne peut éviter une cycliste, jeune fille de son lycée, qui coupe inopinément les deux voies de la route. La jeune fille meurt et le jeune Darin, bien qu'aucunement mis en cause, a l'impression de cesser de vivre aussi, même s'il se rend aux obsèques, s'oblige à rendre visite aux parents de Celine, entre à l'université, vit
la vie d'un jeune de son âge. Le regard des autres, ou même l'absence de ce regard, la pensée quasi continuelle de ce que Celine aurait pu et aurait dû vivre, l'obsèdent.
Darin Strauss a d'abord écrit d'autres livres puis cette autofiction, si douloureuse soit-elle, s'est imposée à lui, lorsqu'il a atteint le double de l'âge que Celine aurait à jamais. Le thème de la culpabilité, analysée de l'intérieur, la mémoire et ses rappels constants, les réminiscences inattendues venues en cours d'écriture (Darin Strauss pensait écrire cinquante pages, il en a écrit quatre fois plus), la transformation de la personnalité, la menace d'un procès, tout ceci forme la trame d'un témoignage jamais larmoyant, mais indispensable autant à l'écrivain qu'au lecteur.
accident
Ne faites pas comme moi, ne vous y trompez pas, ce livre n'est pas un roman, mais le témoignage a-posteriori de l'accident qu'a eut Darin lorsqu'il avait 18 ans et de la façon dont il a vécu depuis.
Rien de très gaie, donc. Et rien de bien tangible non plus du côté des faits. Car on ne saura jamais pourquoi Celine s'est déportée avec son vélo.
En revanche, je me demande encore comment Darin a fait, lui, pour vivre chaque jour avec Celine à ses côtés, sans perdre la boule.
Je m'attendais donc à une sorte de "quête des origines", d'où ma déception.
L'image que je retiendrai :
Celle du premier psy de Darin, l'emmenant en Porsche sur les lieux de l'accident.