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Alfred Busi, dit Mister Al, est attaqué chez lui par tine étrange créature. Les médias crient à l'invasion de bêtes féroces ; Alfred, lui, affirme que son assaillant est un petit garçon rendu fou par la faim. Mister Al, chanteur reconnu, devient la seule voix dissonante dans la ville frappée depuis quelques temps par de violentes agressions. Il appelle à la compassion, alors que les gens du coin se laissent dominer par leur peur et se calfeutrent, développant un discours haineux contre les autres.
Il fallait une certaine audace pour s'emparer d'un sujet si brillant-la pauvreté, le sort des migrants, de tous les laissés-pour-compte. La grande force de Jim Crace est de montrer l'humanité telle qu'elle est : un troublant mélange de noirceur et d'espoir.
Symphonie en fable bémol
Jim Crace maitrise l’art élégant de la fable réaliste. Il y a dans son écriture ce savant mélange d’esthétique onirique et de sagacité humaniste. La mélodie pourrait être un conte ancré dans notre réalité. Où les bassesses de l’homme apparaissent en filigrane, nos mauvais penchants vus par le trou d’une serrure enchantée. Un conte où l’homme bon est un homme simple, sa vertu est délicate, il n’est pas de ceux qui se drapent dans de grands idéaux ni n’enroule sa parole dans de fastueux et héroïques discours. Cet homme - Mister Al vieux chanteur au passé célèbre, toujours apprécié de ses pairs, veuf solitaire dans sa maison de naissance - nous tend la main, nous montre cette part de bonté que nous avons parfois tendance à oublier.
Son honnêteté et sa sincérité sont un baume en ces temps troublés de repli sur soi
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D’une écriture sensible et rêveuse, Jim Crace aborde avec grâce quelques-unes des grandes problématiques de notre temps : le progrès à tout crin, l’exclusion des plus démunis, la dénaturation de notre environnement, la solitude. Et il faut un talent certain pour ça.