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Quelque part sur le front de l'Est, alors que la fin de la guerre semble se profiler, un homme se retrouve enrôlé dans un groupe de soldats soviétiques et est envoyé en reconnaissance dans une ville d'eaux dévastée. Au milieu des décombres, comme si le temps s'était arrêté, se dresse une imposante demeure miraculeusement épargnée par les combats. L'homme y pénètre et s'y aménage un refuge inespéré, allant jusqu'à se prendre pour le maître des lieux lorsque l'on vient frapper à la porte.
Entre mensonges, mystères et faux-semblants, les premières journées passées dans cette maison préservée, d'une invraisemblable quiétude, ne peuvent toutefois éloigner durablement le chaos de la guerre et la noirceur de l'âme humaine. L'écriture de Hermans, cette "poésie noire" selon la formule de Milan Kundera, frappe à la fois par sa beauté et par sa violence, et l'élève au rang de classique de la littérature néerlandaise du XX ? siècle.
La maison préservée
Quoi de plus éblouissant que de se faire saisir par un si court texte, qui en si peu de pages déploie un espace aussi vaste qu'un monde. Un monde en temps de guerre, l'horreur présente comme un second naturel de l'homme. L'homme pris dans les fers de l'histoire. Dans les serres de l'aigle noir.
C'est un roman du non-sens, un roman flouté comme un mauvais rêve, un cauchemar dans lequel morale et sens sont absents. C'est une bulle étrange mais non étrangère, un roman-sphère qui serre son lecteur comme on griffe la réalité. Il s'en dégage une odeur de sang et de légèreté, un funeste épisode vécu à la manière d'un théâtre absurde. Parce que la guerre des petits hommes les dépasse, ils ne sont jamais que des rouages dans une mécanique qui échappe à l'entendement.
La maison préservée est un roman qui a fait date et qui fera date. Un jalon aussi indispensable qu'un texte de Dagerman. Aussi impressionnant qu'une comète. Aussi invraisemblable qu'un théâtre des opérations sans opération.