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Voici le premier livre français sur la Guinée équatoriale. C'est assez dire qu'il comble une sérieuse lacune. Seul pays hispanophone d'Afrique noire, membre des Nations Unies, la Guinée équatoriale est indépendante depuis le 12 octobre 1968. Ses 28 051 km (env. la Belgique) se partagent entre la province continentale du Rio Muni (avec les îles Corisco, Elobeyes, Conga, Mbane et Cocotiers) et la maritime formée des îles de Fernando Poo et d'Annobon.
Il s'agit de fragments des vastes possessions espagnoles du Golfe de Guinée, qu'au XIXe siècle l'Angleterre, l'Allemagne et la France ont dévorées sans scrupules. Trente ans de modèle franquiste, un siècle de paternalisme de l'Eglise espagnole, ont mené le pays à la dictature du Président Macias Nguema et de sa famille. En 1969, 7 000 Espagnols fuyaient un pays que les massacres des cadres, des intellectuels et des paysans convertit en camp de tortures.
Avec le Partido Unico Nacional de Trabajadores, Macias Nguema, "Unique Miracle de la Guinée équatoriale", coiffait le régime le plus népotique d'Afrique. Début août 1979, une révolte de palais, organisée par Teodoro Nguema Mba N'zogo et d'autres neveux et cousins complices de Macias, déposait le Chef de l'Etat. Des 400 000 habitants, 125 000 vivent en exil en 1979. Parmi eux, seule l'Alianza Nacional de Restauración Democrática (A.N.R.D.) - avec plusieurs milliers de militants - fait état d'une organisation et d'un programme cohérents, et agit aux plans national et international.
Quelques groupuscules de réfugiés d'extrême droite visent, eux, à récupérer des avantages perdus. Naguère prospère grâce au cacao, café et okoumé, la Guinée équatoriale est depuis 1976 en banqueroute. 25 000 ouvriers nigérians ont été retirés par leur gouvernement ; les sociétés françaises ont dû ralentir les activités forestières et de construction ; Cuba, la Chine populaire, l'UNESCO, la C.E.E. freinent leur assistance.
Les cris d'alarme se multiplient dans l'opinion mondiale : Amnesty, Commission des Juristes, Fédération des Droits de l'Homme, Fonds d'Echanges Universitaires, etc. Lentement, l'O.N.U. et l'O.U.A. se réveillent. Macias Nguema est exécuté fin septembre 1979 ; ses complices neveux Nguema, Ela et Maye s'installent et prétendent amnistier les 125 000 compatriotes que leur terreur a éloignés du pays. L'Espagne envoie experts, légionnaires, et le roi.
Quant à la France... L'indépendance de la Guinée équatoriale reste encore à faire.