« La Gauche en France » de Michel Winock analyse brillamment ce qui fait « les gauches ». Comme l'écrit l'historien, le mot « Gauche » apparaît pour la première fois au mois de septembre 1789 à l'Assemblée constituante. Les adversaires du veto royal (dont font parti Robespierre et Barnave) se placent à la gauche du président de séance.
Depuis, le « mot a fait florès » explique Michel Winock. Il a progressivement désigné ceux qui s'opposaient aux réactionnaires, aux conservateurs, aux ennemis de la liberté et de l'égalité. Mais, si « être de gauche » fait référence
à une « éthique, une philosophie, dont les racines plongent dans les Lumières et la Révolution », il existe en réalité « des Gauches », écrit Michel Winock.
Parmi « ces Gauches », on peut distinguer quatre familles dont trois sont issues de trois révolutions successives (1789, la révolution industrielle et la révolution bolchevique) et une ultragauche, « une Gauche critique de la Gauche ».
La première de ces familles n'a pas été d'emblée républicaine mais elle s'est illustrée dans son combat pour la liberté (individuelle et publique) durant la Restauration. Sous la Monarchie de Juillet, une gauche républicaine prend progressivement forme, sa principale revendication c'est le suffrage universel. Puis durant la IIIe République, ce seront les radicaux qui seront les défenseurs d'une société laïque et sociale.
La deuxième famille, née de la Révolution industrielle, est le socialisme. Le parti s'illustre par son programme volontariste (changer la société, abattre le régime capitaliste). Pour y parvenir, il prévoit d'abolir la propriété privée, de mettre en commun les moyens de productions et une juste répartition des tâches. C'est dans les années 1890 que le socialisme devient une véritable force politique en France. Dans son analyse, Winock souligne un point très intéressant. Contrairement à d'autres pays, la gauche socialiste n'est pas social-démocrate. Il n'existe aucune alliance entre le parti et le syndicat, si bien que la SFIO n'a pas véritablement de base ouvrière.
On trouve là tout le paradoxe qui touche le parti socialiste. Comme le note Michel Winock, dans la pratique, le parti a adopté des pratiques réformistes. Il est donc confronté à ce que l'historien nomme une « tendance schizoïde » entre sa théorie et sa pratique. Le parti socialiste n'a « pu éradiquer son malaise ancien ce « surmoi révolutionnaire » qui lui fait honte ».
Cette contradiction qui touche le Parti socialiste s'explique en partie par la présence du Parti communiste. Celui est né de la scission au sein de la SFIO au congrès de Tours en 1920. Dans un premier temps, le parti travaille à la Révolution mondiale. Mais avec Staline, son rôle se modifie quelque peu, le Parti communiste doit désormais défendre l'URSS contre ses ennemis. Comme l'explique Michel Winock, le PC a réussi à réaliser ce que la SFIO n'a jamais réussi à mettre sur pied. En effet, il a instauré une contre-société à l'instar de la social-démocratie allemande. Jusqu'en 1958, le parti disposera d'une base électorale forte (Ne descendra pas en dessous de 25% des suffrages). Mais une série d’événements et de profonds changements économiques, sociaux, culturels vont « peu à peu sapé les bases du monument ».
Quant à l'ultragauche, elle a été « représentée par des doctrinaires et des hommes d'action dont l'existence est repérable dès la Révolution française » écrit l'auteur. Ils luttent pour l'égalité sociale véritable. Tout en se méfiant du suffrage universel qu'ils estiment manipulé par le pouvoir bourgeois et en s'opposant à la dictature du parti révolutionnaire. D'après Michel Winock, les membres de l'ultragauche « persistent à haïr le présent dominé par l'esprit de profit qui continue de partager le monde en dominants et dominés ».
Face à cette pluralité de la gauche et de ses contradictions, les moments d'unité ont été assez rares (1877, 1902, 1936, 1972, 1981-1984, 1997-2002). Les périodes « de désunions, voire d'hostilité » ont été bien plus nombreuses explique Michel Winock.
C'est une passionnante histoire des gauches que nous parcourons à travers ces pages. Une superbe étude !
La gauche en France
« La Gauche en France » de Michel Winock analyse brillamment ce qui fait « les gauches ». Comme l'écrit l'historien, le mot « Gauche » apparaît pour la première fois au mois de septembre 1789 à l'Assemblée constituante. Les adversaires du veto royal (dont font parti Robespierre et Barnave) se placent à la gauche du président de séance.
Depuis, le « mot a fait florès » explique Michel Winock. Il a progressivement désigné ceux qui s'opposaient aux réactionnaires, aux conservateurs, aux ennemis de la liberté et de l'égalité. Mais, si « être de gauche » fait référence à une « éthique, une philosophie, dont les racines plongent dans les Lumières et la Révolution », il existe en réalité « des Gauches », écrit Michel Winock.
Parmi « ces Gauches », on peut distinguer quatre familles dont trois sont issues de trois révolutions successives (1789, la révolution industrielle et la révolution bolchevique) et une ultragauche, « une Gauche critique de la Gauche ».
La première de ces familles n'a pas été d'emblée républicaine mais elle s'est illustrée dans son combat pour la liberté (individuelle et publique) durant la Restauration. Sous la Monarchie de Juillet, une gauche républicaine prend progressivement forme, sa principale revendication c'est le suffrage universel. Puis durant la IIIe République, ce seront les radicaux qui seront les défenseurs d'une société laïque et sociale.
La deuxième famille, née de la Révolution industrielle, est le socialisme. Le parti s'illustre par son programme volontariste (changer la société, abattre le régime capitaliste). Pour y parvenir, il prévoit d'abolir la propriété privée, de mettre en commun les moyens de productions et une juste répartition des tâches. C'est dans les années 1890 que le socialisme devient une véritable force politique en France. Dans son analyse, Winock souligne un point très intéressant. Contrairement à d'autres pays, la gauche socialiste n'est pas social-démocrate. Il n'existe aucune alliance entre le parti et le syndicat, si bien que la SFIO n'a pas véritablement de base ouvrière.
On trouve là tout le paradoxe qui touche le parti socialiste. Comme le note Michel Winock, dans la pratique, le parti a adopté des pratiques réformistes. Il est donc confronté à ce que l'historien nomme une « tendance schizoïde » entre sa théorie et sa pratique. Le parti socialiste n'a « pu éradiquer son malaise ancien ce « surmoi révolutionnaire » qui lui fait honte ».
Cette contradiction qui touche le Parti socialiste s'explique en partie par la présence du Parti communiste. Celui est né de la scission au sein de la SFIO au congrès de Tours en 1920. Dans un premier temps, le parti travaille à la Révolution mondiale. Mais avec Staline, son rôle se modifie quelque peu, le Parti communiste doit désormais défendre l'URSS contre ses ennemis. Comme l'explique Michel Winock, le PC a réussi à réaliser ce que la SFIO n'a jamais réussi à mettre sur pied. En effet, il a instauré une contre-société à l'instar de la social-démocratie allemande. Jusqu'en 1958, le parti disposera d'une base électorale forte (Ne descendra pas en dessous de 25% des suffrages). Mais une série d’événements et de profonds changements économiques, sociaux, culturels vont « peu à peu sapé les bases du monument ».
Quant à l'ultragauche, elle a été « représentée par des doctrinaires et des hommes d'action dont l'existence est repérable dès la Révolution française » écrit l'auteur. Ils luttent pour l'égalité sociale véritable. Tout en se méfiant du suffrage universel qu'ils estiment manipulé par le pouvoir bourgeois et en s'opposant à la dictature du parti révolutionnaire. D'après Michel Winock, les membres de l'ultragauche « persistent à haïr le présent dominé par l'esprit de profit qui continue de partager le monde en dominants et dominés ».
Face à cette pluralité de la gauche et de ses contradictions, les moments d'unité ont été assez rares (1877, 1902, 1936, 1972, 1981-1984, 1997-2002). Les périodes « de désunions, voire d'hostilité » ont été bien plus nombreuses explique Michel Winock.
C'est une passionnante histoire des gauches que nous parcourons à travers ces pages. Une superbe étude !