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Tout part d'une image en noir et blanc, carte postale retrouvée au fond d'une boîte à chaussures rassemblant la correspondance d'un aïeul disparu. Là, se devine l'histoire de Khadidja la Marocaine, la seule que cette écriture photographique mensongère peut raconter, celle d'une triste sensualité orientale à vendre au touriste en quête de souvenirs osés. A moins que tout ne parte d'un tableau entrevu dans les rues de Casablanca de cette même Khadidja balafrée par des coups de pinceau aux couleurs rageuses.
Le passant pourrait croire à la censure du cops dénudé, l'écrivain y apprend le corps réaffirmé. Et à travers cette Khadidja réinventée, à travers l'imaginaire du Bousbir, quartier fortifié de Casablanca réservé à la prostitution dans la première moitié du XXe siècle, Valentine Goby rend hommage à toutes ces femmes au corps surexposé mais à la mémoire effacée. Face à la colonisation, face au patriarcat, la résistance, parfois, se loge dans un regard dérobé, insoumis, inviolable.
Révolte contre l'oubli, contre l'asservissement des corps
Dans un récit court et tenace, au travers de plusieurs personnages liés par une photographie d'époque coloniale, Valentine Goby raconte ce qu'est l'image d'un corps, créé pour un désir voyeur, mélangeant trop facilement au gré des fantasmes son origine, sa chair, sa réalité. Sans complaisance et sans fausse dramatisation, elle trouve les mots justes pour exprimer sa révolte contre l'oubli de ce qu'a été le Bousbir, refuge forcé des prostituées marocaines à Casablanca.
Découvrez dans ce roman l'une des plus grandes plumes littéraires du vingt-et-unième siècle.