Lorsque la guerre a été déclarée, le 3 septembre 1939, Lilibeth et sa famille étaient dans leur propriété d’Hervy, en Bourgogne. Alors que son époux, officier de marine, a rejoint son ministère, elle a préféré ne pas rentrer à Paris. Pendant plusieurs mois, le conflit s’est installé, dans ce qui a été appelé « la drôle de guerre ». Derrière la ligne Maginot, les soldats attendaient une attaque allemande. En mai 1940, l’Allemagne a violé la neutralité belge et hollandaise et la guerre a commencé. Les Allemands ont multiplié les raids aériens et les réfugiés étaient
de plus en plus nombreux sur les routes. Après un bombardement de la ville de Troyes, Lilibeth a décidé de se réfugier dans sa maison de Bretagne, les Engoulevents, avec ses enfants et avec sa mère. Lors du voyage, les ennuis s’amoncellent et une halte s’impose. Heureusement, son amie Maïté les héberge, le temps d’une nuit.
La ferme des Engoulevents raconte le destin de quatre femmes, pendant la Deuxième Guerre mondiale : Lilibeth, Maïté, Cécile et Esther. Elles sont différentes, mais liées par une même passion, celles de la peinture. Elles n’ont pas la même religion : l’une est catholique, l’autre est protestante et une est Juive non-pratiquante. Elles n’ont pas le même âge, ne viennent pas des mêmes milieux sociaux et elles ne partagent pas les mêmes opinions politiques : leurs avis sont divisés au sujet du gouvernement de Vichy. Cependant, lorsque l’une d’elles est en danger, elles mobilisent leurs forces.
Au départ, comme beaucoup de Français, certaines d’entre elles n’ont pas anticipé les conséquences des lois pétainistes. Mais lorsque les lois antijuives ont été proclamées, elles ont réalisé que le maréchal Pétain n’était pas le sauveur qu’elles attendaient. L’auteur décrit leur prise de conscience, qui est, au début, imperceptible et prend de l’ampleur, au fil des évènements. J’ai été touchée par la manière réaliste dont est traitée cette évolution. Des faits historiques, également, m’ont passionnée et surprise : Maurice de Kervénoaël relate le rôle des Anglais dans la propagande antigaulliste, les combats meurtriers entre Américains et Français, en Afrique du Nord. Le contexte historique est d’une grande richesse. L’auteur montre le meilleur et le pire de notre pays, sous l’Occupation, avec beaucoup de nuances. Il parle de ceux qui sont entrés en Résistance, immédiatement, mais aussi de ceux qui étaient indifférents, au départ, et qui ont changé de camp. Il rend hommage aux actes héroïques, isolés, qui ont sauvé des vies.
J’ai adoré les personnages de cette saga. Les femmes, au cœur du récit, sont des héroïnes que rien ne prédisposait à l’être. Elles se sont révélées dans les épreuves, elles n’ont pas été épargnées par les douleurs, elles ont perdu des êtres chers, elles ont eu peur, elles ont connu les privations, pourtant, elles ont été courageuses. J’ai aussi été touchée par des hommes : Charles, le fils de Cécile qui a rejoint la Résistance ; David, le père d’Esther, médaillé de la Grande Guerre, qui est persécuté par le régime de Vichy ; le commissaire Bonvallon qui tente de sauver des vies, alors que sa fonction lui impose le contraire, etc.
Conclusion
J’ai adoré ces quatre femmes, différentes dans leurs opinions, mais semblables dans leur courage. Ce roman raconte leur destin, de l’été 1939 à novembre 1942. Maurice de Kervénoaël dépeint l’impact de la guerre, puis du régime de Vichy, sur les femmes. Plusieurs faits historiques méconnus complètent le récit et éclairent l’Histoire de France. Je suppose que Lilibeth est le premier tome d’une saga. J’ai hâte qu’une suite soit publiée.
Des femmes et la guerre
Entre chroniques familiales et roman historique ce livre est le premier d’une série qui raconte des femmes pendant la Seconde Guerre mondiale. Dans celui-ci le personnage central est Lillibeth issue d’une famille aisée, épouse d’un officier de marine et mère de quatre enfants.
Avec elle nous allons rencontrer ses amies, de milieux très différents mais toutes unies par leur amour pour la peinture. Quatre femmes dissemblables avec des positions divergentes quant à la politique du gouvernement français mais qui vont être amenées à se surpasser pour affronter l’occupation, la peur et le danger.
De la Bourgogne à Casablanca via Paris et la Ferme des Engoulevents en Bretagne, l’auteur nous raconte la guerre vue et vécue par Lillibeth !
Au travers de la vie de Lillibeth et moments partagés avec ses amies, Maurice de Kervénoaël couvre tous les événements qui se sont déroulés dans la période de 1939 à 1942, sans parti pris et sans tenter de justifier des décisions prises par ceux qui ont vécus ces périodes. J’ai beaucoup apprécié ce recul par rapports aux faits qui lui a permis de broder des vies sur tout ce qui s’était déroulé dans cette période d’intenses doutes.
Je me ferais un plaisir de lire les tomes suivants, assez impatiente de voir les évolutions de chacune des protagonistes par rapport à l’Histoire vécue en direct.
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