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L'errance physique et mentale d'un jeune écrivain torturé par la faim et par la misère dans la capitale norvégienne... La Faim (1890), récit initiatique et semi-autobiographique le plus célèbre de Knut Hamsun, prix Nobel de littérature 1920, a eu une influence considérable sur la littérature du XXe siècle. Avant-propos d'Octave Mirbeau. Préface d'André Gide. Le plus célèbre roman du prix Nobel de Littérature 1920 Le narrateur de La Faim (1890) est un anonyme auquel Knut Hamsun, après avoir connu la misère et l'exil, a prêté nombre de ses traits.
Jeune écrivain torturé par la faim et le désespoir, il survit misérablement en plaçant non sans mal quelques articles dans un journal local. Le lecteur suit pas à pas ses errances en quête d'inspiration dans Christiana (qui deviendra Oslo en 1925), ses déambulations mentales et ses hallucinations, qui l'apparentent au Raskolnikov de Crime et Châtiment, à l'orée de la folie. Mais la faim n'est pas son ennemie : elle est la compagne de sa destinée, peut-être même la source d'où jaillira l'oeuvre en gestation, entre accès d'euphorie et phases d'abattement.
Il ne trouvera la délivrance qu'en fuyant la ville à bord d'un navire... Long monologue, " vie inconsciente de l'âme " préfigurant le stream of consciousness d'un Joyce ou d'une Virginia Woolf, La Faim fut une révélation pour des auteurs comme André Gide, qui ne commit pas l'erreur de ranger Hamsun au nombre des disciples du naturalisme zolien, écrivant dans sa préface : " On tourne les feuillets de ce livre étrange.
Au bout de peu de temps, on a des larmes et du sang plein les doigts, plein le coeur. Ah ! Combien toute notre littérature paraît, auprès d'un tel livre, raisonnable. " " Une oeuvre unique, de premier ordre et qui passionne. " (Octave Mirbeau) " Toute la fiction moderne est irriguée par l'oeuvre de Hamsun " (Isaac Bashevis Singer)
La Faim - Knut Hamsun
Pendant près de 300 pages, on suit sur plusieurs semaines un jeune homme qui erre dans Christiana, un quartier de Copenhague au Danemark. Cet homme, dont on ne connaîtra jamais le nom, survit en écrivant quelques piges pour un journal local. La plupart du temps, il est trop pauvre pour pouvoir se nourrir ou se loger.
Il s’agit d’un roman sur l’expérience violente de la faim. Ni plus ni moins. Tout le livre reste concentré sur ce sujet, sans s’encombrer de drames ou de péripéties inutiles ; il est comme porté par lui. C’est là le véritable tour de force de l’auteur : tenir en haleine le lecteur avec un fil narratif aussi ténu, sans vraiment raconter d’histoire mais en observant les faits et gestes d’un homme privé de nourriture.
Car ce que décrit Knut Hamsun est passionnant : le lecteur suit la déchéance du personnage sur les plans moral, matériel et physique. Au fur et à mesure que la faim se fait sentir, le narrateur devient de plus en plus miséreux, forcé de mettre sur gages le peu qu’il possède ; il s’enfonce dans la folie, délire et est sujet à des hallucinations multiples ; il perd ses cheveux, subit d’affreux maux de tête et de ventre, a des insomnies ; ses sautes d’humeurs sont fréquentes, passant rapidement de la joie la plus complète à la dépression la plus noires... Bref, les multiples dégâts causés par la faim sont particulièrement bien rendus ici.
Ce qui est curieux, c’est de constater que l’homme éprouve une sorte de fascination vis-à-vis de sa décrépitude ; on a presque l’impression qu’il se complet dans celle-ci, par exemple lorsqu’il donne le peu de monnaie qu’il parvient à récolter à un inconnu dans la rue, ou alors lorsqu’il se punit lui-même pour avoir demandé des avances à son employeurs. Le narrateur semble jubiler de son état, qui lui permet de mettre à l’épreuve sa moralité et son intégrité. En véritable martyre, il prend la faim comme une épreuve par laquelle il devrait passer pour devenir meilleur. Ce processus d’auto destruction à l’oeuvre est très bien amené, assez impressionnant à lire.
C’est un roman social très dur, à peine supportable parfois tant la déchéance décrite y est violente, qu’il faut lire comme le long soliloque d’un homme fou et halluciné, pris de vertiges et tenaillé par une faim atroce qui ne pourra jamais être rassasiée.