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"Messieurs, disait Jean-Baptiste Dumay, député de la Seine, le 29 octobre 1892, à la Chambre, je crois que si nos petits-neveux font un musée des horreurs parlementaires, ils devront placer dans la première vitrine l'en-tête du projet de loi que nous discutons." Cet en-tête rappelle les "navettes" d'un texte de la Chambre des députés au Sénat, du Sénat à la Chambre des députés. toujours "amendé". Cela pendant douze ans, de 1880 à 1892, qui virent se succéder quinze délibérations, souvent très longues, toujours très âpres.
L'enjeu de la loi du 2 Novembre 1892, c'est l'instauration d'une véritable inspection du travail qui consacre l'autorité de l'Etat et assure le contrôle effectif de l'application des lois ouvrières dans les établissements industriels. Cet ouvrage rappelle la condition effroyable des femmes et des enfants, à cette époque, dans les usines et manufactures, d'après d'irréfutables témoignages. Il cite abondamment les arguments produits par les parlementaires des deux chambres.
Ces arguments ne laissent pas de surprendre, et même d'offusquer aujourd'hui. Les affrontements entre partisans et adversaires de la loi inspirent des débats d'une lecture particulièrement attachante. Ainsi se trouve restitué l'esprit d'une époque dénuée des préoccupations humanitaires les plus élémentaires. Avec la loi du 2 Novembre 1892, l'Etat fait brèche dans une muraille qui se dressait devant lui.
Cette loi inaugure une politique effective de progrès social. Elle nous inspire de poursuivre dans la voie ouverte. Elle revêt de ce fait un caractère révolutionnaire et symbolique. Cela vaut bien qu'on en rappelle la genèse et qu'on en souligne la portée.