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Les surréalistes ne furent que les thermidoriens de la révolution poétique moderne. Rien d'étonnant à ce qu'ils aient négligé de voir ou refusé d'admettre que les principes posés par Isidore Ducasse avaient connu bien avant eux leur pleine et parfaite réalisation dans la plus audacieuse entreprise poétique de la fin du XIXe siècle, dans une radicale subversion de l'individualisme littéraire sur laquelle pèse aujourd'hui encore une conspiration du silence, hélas trop compréhensible : L'oeuvre poétique du Savon du Congo.
Cette oeuvre à la gloire du savon parfumé produit par la Savonnerie Vaissier Frères à Roubaix est constituée de près de six mille poèmes procurés par des rimeurs bénévoles et anonymes (mais qui dit que Verlaine ou Mallarmé n'ont pas envoyé quelque jour leur quatrain). Parue entre 1880 et 1900, elle compose un véritable traité des formes poétiques mises au service de la publicité.