Très remarquée pour ses deux précédents ouvrages, l’écrivain belge Lize Spit a été choisie en 2023 – privilège habituellement réservé à des auteurs plus confirmés – pour écrire le court roman traditionnellement offert pour tout achat de livres lors de la Boekenweek – évènement culturel annuel consacré à la littérature néerlandaise. Elle s’y inspire de l’histoire réelle d’une famille kosovare réfugiée à Viersel, son village de naissance, et qui, frappée en 1999 d’un arrêt d’expulsion, fut massivement soutenue par les habitants jusqu'à obtenir le droit d'asile.
C’est donc dans cette petite commune des Flandres que Jimmy, onze ans, grandit dans un sentiment de rejet depuis que, son assureur de père ayant filé avec l’argent de ses clients, il doit faire face, en même temps qu’à son abandon, aux tags injurieux qui fleurissent sur les murs de sa maison. Quelle n’est pas sa joie, lui qui dans sa solitude n’avait pour consolation que sa précieuse collection de flippos – des rondelles illustrées distribuées dans des paquets de chips –, de voir débarquer dans sa classe un garçon encore plus perdu que lui.
Réfugié kosovar, Tristan ne parle pas un mot de néerlandais et a tout à apprendre des usages à Viersel, flippos compris. L’un assidument pris sous l’aile de l’autre, les deux garçons deviennent inséparables, mais, tandis que Jimmy aide à la construction du « Tristan-d’après-l’exil » comme à la constitution d’un « mince anneau de croissance » autour d’une autre sorte de bois dont les blessures lui restent mystérieuses, voilà qu’un arrêté d’expulsion frappe toute la famille Ibrahimi. Pour y échapper, Tristan et l’une de ses sœurs ont un plan et ils comptent sur Jimmy, pas sûr du rôle héroïque qu’ils veulent lui faire jouer, mais quand même prêt à presque tout pour son seul ami. Sauf que leur audacieuse entreprise pourrait bien virer à la catastrophe…
Narré à hauteur d’enfant avec une gravité fraîche et naïve, le récit juste et sensible croque personnages et situations comme en quelques coups de crayon sûrs et précis, tout en nouant dans une tension croissante les fils de ce qui pourrait tourner au drame dans le drame. Et même si son format court, plus proche de la nouvelle que du roman, l’empêche d’atteindre à l’ampleur et à la profondeur d’un ouvrage tout à fait remarquable, c’est avec un plaisir certain que, charmé autant qu’inquiété par la logique ingénue et spontanée de ces enfants embarqués dans une tragédie qui les dépasse, l’on s’achemine prestement vers l’abrupte surprise du dénouement. Une belle invitation à découvrir les ouvrages plus conséquents de l’auteur.
Très remarquée pour ses deux précédents ouvrages, l’écrivain belge Lize Spit a été choisie en 2023 – privilège habituellement réservé à des auteurs plus confirmés – pour écrire le court roman traditionnellement offert pour tout achat de livres lors de la Boekenweek – évènement culturel annuel consacré à la littérature néerlandaise. Elle s’y inspire de l’histoire réelle d’une famille kosovare réfugiée à Viersel, son village de naissance, et qui, frappée en 1999 d’un arrêt d’expulsion, fut massivement soutenue par les habitants jusqu'à obtenir le droit d'asile.
C’est donc dans cette petite commune des Flandres que Jimmy, onze ans, grandit dans un sentiment de rejet depuis que, son assureur de père ayant filé avec l’argent de ses clients, il doit faire face, en même temps qu’à son abandon, aux tags injurieux qui fleurissent sur les murs de sa maison. Quelle n’est pas sa joie, lui qui dans sa solitude n’avait pour consolation que sa précieuse collection de flippos – des rondelles illustrées distribuées dans des paquets de chips –, de voir débarquer dans sa classe un garçon encore plus perdu que lui.
Réfugié kosovar, Tristan ne parle pas un mot de néerlandais et a tout à apprendre des usages à Viersel, flippos compris. L’un assidument pris sous l’aile de l’autre, les deux garçons deviennent inséparables, mais, tandis que Jimmy aide à la construction du « Tristan-d’après-l’exil » comme à la constitution d’un « mince anneau de croissance » autour d’une autre sorte de bois dont les blessures lui restent mystérieuses, voilà qu’un arrêté d’expulsion frappe toute la famille Ibrahimi. Pour y échapper, Tristan et l’une de ses sœurs ont un plan et ils comptent sur Jimmy, pas sûr du rôle héroïque qu’ils veulent lui faire jouer, mais quand même prêt à presque tout pour son seul ami. Sauf que leur audacieuse entreprise pourrait bien virer à la catastrophe…
Narré à hauteur d’enfant avec une gravité fraîche et naïve, le récit juste et sensible croque personnages et situations comme en quelques coups de crayon sûrs et précis, tout en nouant dans une tension croissante les fils de ce qui pourrait tourner au drame dans le drame. Et même si son format court, plus proche de la nouvelle que du roman, l’empêche d’atteindre à l’ampleur et à la profondeur d’un ouvrage tout à fait remarquable, c’est avec un plaisir certain que, charmé autant qu’inquiété par la logique ingénue et spontanée de ces enfants embarqués dans une tragédie qui les dépasse, l’on s’achemine prestement vers l’abrupte surprise du dénouement. Une belle invitation à découvrir les ouvrages plus conséquents de l’auteur.