Huit ans après « La mer c’est rien du tout », Joël Baqué revient à nouveau sur les traces de son enfance dans un roman où, forçant le trait, l’humour le dispute à la nostalgie.
Eric Planchon a grandi dans l’Hérault pendant les années 1970, entre une mère au foyer meublant son ennui de son obsession pour le tri sélectif et de sa passion pour le JT de Jean-Pierre Pernault, et un père de cette « race de vignerons maussades en accord avec une terre caillouteuse, sableuse, qui demande beaucoup d’efforts et donne peu » : un tandem si frictionnel que surnommé au village le « couple tragique » et responsable chez son unique fils de l’habitude de servir de « variable d’ajustement », de pratiquer en expert « l’art subtil des alliances de revers et double jeux » et surtout de ne jamais « se trouver en position de trancher ».
C’est avec pour principal bagage ce talent pour la neutralité que le jeune homme s’élance vers son indépendance, d’abord pour un job d’été dans un restaurant du Cap d’Agde, puis au service militaire, enfin en décrochant un emploi dans une compagnie d’assurances. Des arnaques de la restauration pour touristes aux brimades d’un gradé despotique en passant par les râteaux amoureux du narrateur, une galerie de portraits savoureux et truculents, tous de petites gens ordinaires dessinant une France profonde, modestement invisible, une France des « fins de mois en toboggan » et d’une « immense majorité [qui] sourit avec les moyens du bord ou ne sourit pas », prend alors vie sous une plume inimitable, magnifique de tournures et de trouvailles, cachant, sous son humour et sa loufoquerie de façade, la pudeur et la délicatesse d’un amour resté inexprimé, faute de mots et d’effusions, entre un fils et ses parents désormais disparus.
Passée ce qui pourra parfois paraître la barrière d’une franche loufoquerie, une comédie sociale profondément juste, servie par une écriture superbe et une émotion tendrement nostalgique.
Huit ans après « La mer c’est rien du tout », Joël Baqué revient à nouveau sur les traces de son enfance dans un roman où, forçant le trait, l’humour le dispute à la nostalgie.
Eric Planchon a grandi dans l’Hérault pendant les années 1970, entre une mère au foyer meublant son ennui de son obsession pour le tri sélectif et de sa passion pour le JT de Jean-Pierre Pernault, et un père de cette « race de vignerons maussades en accord avec une terre caillouteuse, sableuse, qui demande beaucoup d’efforts et donne peu » : un tandem si frictionnel que surnommé au village le « couple tragique » et responsable chez son unique fils de l’habitude de servir de « variable d’ajustement », de pratiquer en expert « l’art subtil des alliances de revers et double jeux » et surtout de ne jamais « se trouver en position de trancher ».
C’est avec pour principal bagage ce talent pour la neutralité que le jeune homme s’élance vers son indépendance, d’abord pour un job d’été dans un restaurant du Cap d’Agde, puis au service militaire, enfin en décrochant un emploi dans une compagnie d’assurances. Des arnaques de la restauration pour touristes aux brimades d’un gradé despotique en passant par les râteaux amoureux du narrateur, une galerie de portraits savoureux et truculents, tous de petites gens ordinaires dessinant une France profonde, modestement invisible, une France des « fins de mois en toboggan » et d’une « immense majorité [qui] sourit avec les moyens du bord ou ne sourit pas », prend alors vie sous une plume inimitable, magnifique de tournures et de trouvailles, cachant, sous son humour et sa loufoquerie de façade, la pudeur et la délicatesse d’un amour resté inexprimé, faute de mots et d’effusions, entre un fils et ses parents désormais disparus.
Passée ce qui pourra parfois paraître la barrière d’une franche loufoquerie, une comédie sociale profondément juste, servie par une écriture superbe et une émotion tendrement nostalgique.