En cours de chargement...
Sandrine Kott analyse la construction progressive de la législation du travail et de la protection sociale en Allemagne entre 1880 et 1920. Elle montre que la politique sociale en Allemagne, improprement appelée le "système bismarckien" , est le résultat d'interactions complexes entre des courants de pensée parfois contradictoires et le corps social. Dès la fin du XIXe siècle, les ouvriers et une partie des employés allemands sont pris en charge par un système d'assurances sociales.
Cette politique sociale est un élément d'affirmation et de fierté nationale pour un pays encore en constitution. Sa précocité a fait de l'Allemagne un modèle, pour tous les pays décidés à s'engager dans la réforme sociale. Vue de France, la politique sociale allemande a souvent été analysée comme l'expression de l'autoritarisme prussien. En réalité, ce qu'on a improprement appelé le "système bismarckien" est le résultat d'interactions complexes entre des courants de pensée parfois contradictoires et le corps social.
En effet, la politique sociale ne peut être analysée du seul point de vue de ceux qui la "fabriquent", elle est aussi construite par ceux qui l'"utilisent". C'est l'une des forces des politiques sociales allemandes que d'avoir pu autoriser, par des voies parfois détournées, ces interactions entre les représentations des concepteurs de la loi et les pratiques de ses utilisateurs. Cette réelle flexibilité contribue certainement à expliquer la pérennité du "modèle social allemand" par-delà les changements de régime du XXe siècle.