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« À la fin d’une période où j’ai été médecin (1957-1968) à l’hôpital psychiatrique de Cery, près de Lausanne, il m’avait semblé opportun de jeter un regard sur l’histoire millénaire de la mélancolie et de ses traitements. L’ère des nouvelles thérapeutiques médicamenteuses venait de s’ouvrir. Après une licence ès lettres classiques à l’université de Genève, j’avais entrepris en 1942 des études conduisant au diplôme de médecin.
La double activité médicale et littéraire se prolongea au cours des années 1953-1956 passées à l’Université Johns Hopkins de Baltimore. Je relate ces diverses étapes de mes jeunes années pour dissiper un malentendu. Je suis souvent considéré comme un médecin défroqué, passé à la critique et à l’histoire littéraires. À la vérité, mes travaux furent entremêlés. L’enseignement d’histoire des idées qui me fut confié à Genève en 1958 s’est poursuivi de façon ininterrompue sur des sujets qui touchaient à l’histoire de la médecine, et plus particulièrement de la psychopathologie.
» Ce livre reprend la thèse de Jean Starobinski, merveilleux texte d’histoire de la littérature, et propose d’éclairer les figures prises par la mélancolie au cours des siècles, les formes dans lesquelles la souffrance psychique a été interprétée. Elle fut liée à d’anciens mythes, à toute une imagination matérielle (la bile noire, sèche et froide), à la spéculation astrologique, à divers systèmes médicaux qui ont laissé jusqu’aujourd’hui d’innombrables traces dans les littératures et les arts.
dans l'encre de tes yeux
chantait F.Cabrel, et il en a puisé beaucoup de choses à écrire pour les chanter..Le "soleil noir" de la mélancolie (Nerval) n'est pas nécessairement pathologique. Grâce à, ou à cause de,la littérature...Jean Starobinski en sait quelque chose, médecin et homme de lettres : ce livre a une originalité profonde. L'expérience de J.S. en ces domaines le rendent infiniment précieux... Non, il n'est pas nécessaire "d'aller bien", quand tout va mal, et l'expérience de la dépression est féconde, pourvu qu'on soit bien entouré... Avec des auteurs comme Starobinski et ceux auxquels il se réfère, on est en bonne compagnie. Dépressif ou pas, on ne peut qu'être porté par ce souffle de santé indéniable. La littérature se porte bien, ce serait dommage de passer à côté..."malade" ou pas...