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En cette année 1894, le régime républicain a à peine vingt années d’existence officielle. Une existence entachée par les « affaires » et la corruption qui semble miner le personnel politique, et menacée par une grave crise économique qu’exploitent les mouvements populistes et xénophobes.
La dénonciation des « bourgeois » qui « affament le peuple » s’exprime avec une virulence particulière dans les milieux anarchistes.
Ce sont d’abord les engins explosifs de Ravachol qui sont lancés en plein Paris en 1892 ; puis Auguste Vaillant fait exploser une bombe à la Chambre des députés, en 1893 ; les attentats d’Émile Henry ont enfin lieu 1894. Les trois hommes seront arrêtés et guillotinés. En s’attaquant à la plus haute fonction de l’État, Caserio témoigne de la vigueur des principes anarchistes, dans un milieu acquis à l’idée de la « propagande par le fait », et de la volonté de venger ses prédécesseurs.
Il sera exécuté comme eux.
C’est l’occasion, à travers les rapports de police, les témoignages spontanés de la population, les comptes rendus de la presse, d’appréhender l’état de l’opinion, entre terreur et sympathie pour ces « martyrs » de la cause révolutionnaire ; la xénophobie sera aussi réactivée par l’événement, aboutissant au départ forcé de milliers d’ouvriers ou d’artisans italiens, conspués comme complices de l’assassin...
Paradoxalement, Caserio aura surtout contribué à renforcer l’institution, et l’attachement des parlementaires, comme de la majorité des Français, envers un régime qui n’était, jusque-là, pas tout à fait entré dans les moeurs : la dépouille de Sadi Carnot est accueillie en grande pompe au Panthéon, et l’Assemblée vote les « lois scélérates », interdisant toute profession de foi libertaire, qui ne seront abolies qu’en 1992.