Ce livre est un pas vers la vérité mais il en reste bien en deçà.
Il représente une avancée en faisant reculer la ligne Paxton Klarsfeld et leurs héritiers : « Pétain, le
gouvernement et l’administration, collaborateurs, n’ont rien fait pour sauver les Français d’origine
juive, seuls des Français, des Justes, individuellement, ont contribué à leur sauvetage », sur une ligne
où il apparait maintenant que l’administration a freiné, et Laval négocié pour soustraire les juifs
Français des déportations, au détriment des juifs étrangers . Mais dans ce mouvement de
retrait,
Pétain reste le grand coupable, puisque ayant signé l’Armistice, et étant le grand instigateur de la
collaboration avec comme sommet, un statut des juifs qui serait durci de sa propre main !
Or cette dernière ligne sur laquelle la doxa peut encore danser, est hautement contestable, et
toujours idéologique.
Sur Pétain, il y a, pour faire claire, deux aspects, l’aspect stratégique, oublié ou nié par les historiens
surtout français, et la question juive dont ces historiens continuent de faire le lien entre la Shoah et
Vichy/Pétain malgré les avancées de ce dernier ouvrage et ce dernier aspect occulte toujours la
reconnaissance de l’importance du premier.
Sur la question juive, nos 3 auteurs restent plein de contorsions pour expliquer le paradoxe d’un
régime « qui partage un certain nombre de valeurs avec le vainqueur », et le taux de survie des juifs
en France hexagonale de 75% , dont 90% de juifs français , ce qui est déjà dans le haut de la
fourchette de la liste de la Shoah, et encore en oubliant de rapporter les 440000 juifs français
d’Afrique du Nord qui ont été sauvés par les conditions d’Armistice qu’ils dénoncent .
Par ailleurs ils ne leur viennent pas à l’idée un seul instant que, sous le risque de « polonisation de la
France avec gauleiter » le statut des juifs décrété par Vichy, puisse être un contrefeu (au minimum
crédible vis-à-vis des allemands d’où certainement une restriction des exceptions du projet initial)
destiné à entraver les actions délétères des lois de Nuremberg appliquées immédiatement en
Alsace-Lorraine annexée. On connait pourtant la réaction d’Otto Abetz qui prévient de suite la
Wilhelmstrasse que « les Français sont en train d’établir un statut des juifs pour adoucir nos lois».
Ainsi les fonctionnaires juifs écartés de l’administration sont-ils indemnisés à l’ancienneté, même si
cela ne remplace pas un emploi. Par ailleurs l’opposition ferme de Pétain sur le port de l’étoile jaune
en zone libre, comme son refus de dénaturaliser les français « récents » d’origine juive (malgré la loi
du 22 juillet 1940, sur un potentiel de 100000 dénaturalisations possibles de juifs français, il n’y en
aurait eu 6000, chiffre que l’on trouve en page 43). Ces éléments entrent en contradiction avec un
Pétain dont la motivation du statut des juifs aurait été l’antisémitisme foncier ou seulement la peur
de la réaction des français dont pourtant on nous rabat l’antisémitisme. Par ailleurs, en obtenant
dans les conditions d’Armistice tant décriées, 40% du territoire français à peu près libre pendant 28
mois, Pétain a permis à beaucoup de juifs de se sauver, c’est un fait.
En aparté, sur la nature du régime (page 43), autoritaire (arrive dans toutes les situations
exceptionnellement dramatiques, de Gaulle n’y a pas échappé, la Constitution de la Véme a prévu
l’article 16 ) était également antidémocratique (Pétain a été appelé par Paul Reynaud et plébiscité
jusqu’au bout par la population ), porteur d’un projet idéologique (en effet, travail famille patrie ,
mais il faut quand même remarquer que plus de 80% des lois sociales de Vichy ont été reprises par
la IV République dont la retraite par répartition) , fondé sur l’exclusion (imposée par un envahisseur
cruel et cynique), le mépris du parlementarisme (lire et relire la copie de l’Acte constitutionnel rédigé
en novembre 1943 à la demande de Pétain pour réunir l’Assemble Nationale et lui rendre en cas de
décès, le pouvoir constituant qu’elle lui avait confiée, et la réponse cinglante de Ribbentrop à ce
projet, datée du 20 novembre 1943 qui rappelle que Pétain est un obstacle constant à une
collaboration sincère). Quant au mépris des droits de l’homme (notion incongrue pour les
envahisseurs). Mais il est incontestable que cette situation sous contrainte forte a fait ressortir
toutes sortes de personnages aux comportements détestables (mais aussi bien des héros) même si la
convention de la Haye dans ce cas mettait l’administration et la police au service de l’envahisseur.
Mais avant d’aborder l’aspect stratégique de Pétain, bien réaliser que comme ses prédécesseurs
dans des situations historiques similaires (hors folie de la Shoah) tels Frédéric Guillaume III de Prusse
face à Napoléon 1er , ou plus récemment en 1918 le chancelier Stresemann face aux Alliés, Pétain va
jouer également face aux allemands ce double jeu que Hitler va soupçonner à peine 3 mois après à
Montoir (à Hitler qui lui demandait de déclarer la guerre à l’Angleterre, Pétain lui demande de
réarmer pour défendre l’Empire contre les Anglais ce qu’il obtiendra , alors que les Allemands
n’obtiendront rien si ce n’est des mots de collaboration , collaboration qu’ils jugerons toujours
insuffisante, voire ridicule (Hitler dans son testament politique de février 45) et que la lettre de
Ribbentrop du 20 novembre 1943 rappelle. De fait, le jour même de Montoir, Pétain avait missionné
Rougier à Londres !
Venons- en maintenant à cet aspect stratégique de Pétain tant occulté :
Dans son livre référence publié en 1990, « la France et sa Marine 1940-1942 » qu’aucun des auteurs
n’a daigné consulter, l'historien de la Marine Américaine Charles William Koburger , tout en
contredisant son compatriote Robert Paxton qu’il a lu , montre l'importance stratégique de Pétain
pendant ces 28 mois (entre l’Armistice et le sabordage de la flotte) où les Alliés étaient en position
de faiblesse extrême et qui en maintenant l'Empire (et pour rappel les 440000 français d’origine
juive qui y étaient) en dehors de la portée des Allemands et en ne laissant pas les Allemands
s'emparer de la flotte qui pouvait faire basculer la victoire en faveur de l’Axe, Pétain a rendu le plus
grand des services aux Alliés. D’ailleurs c’est Roosevelt qui en début janvier 1941, par l’intermédiaire
du canal Halifax / Chevalier, conseillera à Pétain de ne surtout pas reprendre les hostilités contre
l’Allemagne à partir de l’Afrique du Nord, comme le lui conseillait Churchill dans sa fameuse missive
du 31 décembre 1940. Roosevelt considérait en effet les conditions d’armistice obtenues par Pétain
comme providentielles dans la mesure où l’Amérique n’était pas encore prête à intervenir sur le
théâtre européen, et il fera même une proposition de rachat de la flotte à Pétain...). Pétain a suivi la
recommandation de Roosevelt qui lui dépêchera immédiatement après l’Amiral Leahy, s’accrochant
à conserver coute que coute les conditions d’Armistice. On voit bien là que Pétain a de suite pris
l’option américaine, alors que Laval, imposé par les Allemand en avril 1942 ne croyait pas en la
victoire des alliés, d’où entre les deux une relation conflictuelle. C’est pourquoi, en désaccord avec
sa politique pro-allemande, Pétain lui a transmis tous ses pouvoirs.
L’ouvrage de Koburger est par ailleurs très intéressant car il montre :
Pétain rappelant plusieurs fois à Darlan lorsque celui-ci veut se venger des anglais (après Mers- el-
Kébir, Dakar, la Syrie) , ou quand il se lance dans les « accords de Paris », que l’ennemi n’est pas
l’Angleterre mais l’Allemagne.
Pétain refusant l’offre insistante de Mussolini de rejoindre l’Axe (avec tous les « avantages » pour la
France de ce choix) juste après le débarquement américain en Afrique du Nord.
Pétain donnant l’ordre de sabordage de la flotte à Laborde, mais Koburger précise que les américains
ont commis une lourde faute par l’intermédiaire de leur représentant à Alger, Mr Robert Murphy, en
ne communiquant pas à Darlan qui était venu le voir pour le sonder sur les intentions américaines,
un mois à peine avant le débarquement , l’information qui aurait pu sauver la flotte, éviter la riposte
française et éviter de perdre la Tunisie dont les américain ont mis 6 mois à la reconquérir.
Pétain envoyant à l’insu de Laval et des Allemands par le seul code secret non livré aux allemands,
son accord à Darlan pour traiter directement avec les américains après leur débarquement en
Afrique du Nord dans les termes suivants « Vous avez mon entière confiance ; faites pour le mieux ;
je vous confie les intérêts de l’Empire. »
Koburger montre que dans l’opposition, le gouvernement français ne pouvait pas aller plus loin que
ce qu’il a fait, refusant aux allemands les bases françaises de l’Empire comme Bizerte, Dakar, faisant
de l’obstruction de mille façons , comme ce refus de faire passer en septembre 1941 la flottille d’E-
boot par le Rhône motivé par un tirant d’eau de ces navires trop grand et (déjà ?) un débit du Rhône
insuffisant à cette époque de l’année. Les Allemands réunirent de suite la Commission d’Armistice et
ordonnèrent le passage immédiat des vedettes. Robert Paxton a beau jeu de présenter le PV de
Commission d’Armistice comme preuve de la collaboration.
Il montre également le rôle joué par la flotte pendant ces 28 mois, en contenant les exactions
allemandes , et surtout en permettant d’apporter en métropole la moitié des protéines nécessaires
à l’alimentation d’une population sujette à des restrictions , grâce aux accords franco britanniques
qui permettaient aux navires marchands incorporés et protégés par la flotte française de naviguer .
Au moment du procès de Pétain (qui n’aurait jamais eu lieu si Roosevelt avait survécu), les
ambassades américaine et anglaise protestèrent, et le secrétaire général du Parti Conservateur
proche de Churchill, Kenneth de Courcy dira à la Haute Cour: "De Gaulle sans Pétain, Pétain sans De
Gaulle, n'auraient pas obtenu séparément, ce qu'ils ont obtenu ensemble ». Conclusion identique à
celle de l'historien de la Marine Américaine Charles William Koburger « si de Gaulle a été nécessaire
pour sauvegarder l’âme de la France, Pétain (et Darlan) ont sauvé le reste »
A la question de savoir comment il se serait comporté le 26 aout 1944, à la place de De Gaulle,
Churchill répondit : « je crois que j’aurais fait chercher le maréchal pour lui dire de descendre avec
moi les Champs-Elysées »
Enfin citation célèbre : de Gaulle lâche au colonel Rémy en 1947 : « Rémy, souvenez- vous qu’il faut
que la France ait toujours deux cordes à son arc. En juin 1940, il lui fallait la corde Pétain et la corde
de Gaulle... » Sauf qu’il a pris la sienne pour pendre la première au gibet de la honte.
Charger Pétain était commode, efficace et profitable à certain en plus de détourner l’attention des
acteurs du désastre de 1940, mais relève du mensonge qui tisse un roman national fictif maintenu
par les médias aux ordres et bien figé par wikipedia .
Pour sortir de l’aveuglement français sur Pétain
1) Imaginer les conséquences d’un refus français des conditions d’Armistice lorsque, dans le
wagon de Rethondes, Keitel débite une à une les conditions d’Armistice jusqu’à la n°19 (la
restitution des étrangers) qui fait protester vivement Huntziger qui dit qu’il en va de
l’honneur de la France. Keitel lui répond sèchement, vous avez 1 heure pour décider Général,
après quoi nous envahissons toute la France et l’Empire
2) Consulter et méditer particulièrement les pages 2761 et 2762 du Rapport fait au nom de la
Commission chargée d’enquêter sur les évènements survenus en France de 1933 à 1945.
Tome 9. (Source gallica.bnf.fr)
3*** étoiles pour cet ouvrage, dont les auteurs bien qu’ils prétendent s’en distinguer, restent dans
le corps principal de la doxa
histoire d'une falsification de Jean-Marc Berlière
Ce livre est un pas vers la vérité mais il en reste bien en deçà.
Il représente une avancée en faisant reculer la ligne Paxton Klarsfeld et leurs héritiers : « Pétain, le
gouvernement et l’administration, collaborateurs, n’ont rien fait pour sauver les Français d’origine
juive, seuls des Français, des Justes, individuellement, ont contribué à leur sauvetage », sur une ligne
où il apparait maintenant que l’administration a freiné, et Laval négocié pour soustraire les juifs
Français des déportations, au détriment des juifs étrangers . Mais dans ce mouvement de retrait,
Pétain reste le grand coupable, puisque ayant signé l’Armistice, et étant le grand instigateur de la
collaboration avec comme sommet, un statut des juifs qui serait durci de sa propre main !
Or cette dernière ligne sur laquelle la doxa peut encore danser, est hautement contestable, et
toujours idéologique.
Sur Pétain, il y a, pour faire claire, deux aspects, l’aspect stratégique, oublié ou nié par les historiens
surtout français, et la question juive dont ces historiens continuent de faire le lien entre la Shoah et
Vichy/Pétain malgré les avancées de ce dernier ouvrage et ce dernier aspect occulte toujours la
reconnaissance de l’importance du premier.
Sur la question juive, nos 3 auteurs restent plein de contorsions pour expliquer le paradoxe d’un
régime « qui partage un certain nombre de valeurs avec le vainqueur », et le taux de survie des juifs
en France hexagonale de 75% , dont 90% de juifs français , ce qui est déjà dans le haut de la
fourchette de la liste de la Shoah, et encore en oubliant de rapporter les 440000 juifs français
d’Afrique du Nord qui ont été sauvés par les conditions d’Armistice qu’ils dénoncent .
Par ailleurs ils ne leur viennent pas à l’idée un seul instant que, sous le risque de « polonisation de la
France avec gauleiter » le statut des juifs décrété par Vichy, puisse être un contrefeu (au minimum
crédible vis-à-vis des allemands d’où certainement une restriction des exceptions du projet initial)
destiné à entraver les actions délétères des lois de Nuremberg appliquées immédiatement en
Alsace-Lorraine annexée. On connait pourtant la réaction d’Otto Abetz qui prévient de suite la
Wilhelmstrasse que « les Français sont en train d’établir un statut des juifs pour adoucir nos lois».
Ainsi les fonctionnaires juifs écartés de l’administration sont-ils indemnisés à l’ancienneté, même si
cela ne remplace pas un emploi. Par ailleurs l’opposition ferme de Pétain sur le port de l’étoile jaune
en zone libre, comme son refus de dénaturaliser les français « récents » d’origine juive (malgré la loi
du 22 juillet 1940, sur un potentiel de 100000 dénaturalisations possibles de juifs français, il n’y en
aurait eu 6000, chiffre que l’on trouve en page 43). Ces éléments entrent en contradiction avec un
Pétain dont la motivation du statut des juifs aurait été l’antisémitisme foncier ou seulement la peur
de la réaction des français dont pourtant on nous rabat l’antisémitisme. Par ailleurs, en obtenant
dans les conditions d’Armistice tant décriées, 40% du territoire français à peu près libre pendant 28
mois, Pétain a permis à beaucoup de juifs de se sauver, c’est un fait.
En aparté, sur la nature du régime (page 43), autoritaire (arrive dans toutes les situations
exceptionnellement dramatiques, de Gaulle n’y a pas échappé, la Constitution de la Véme a prévu
l’article 16 ) était également antidémocratique (Pétain a été appelé par Paul Reynaud et plébiscité
jusqu’au bout par la population ), porteur d’un projet idéologique (en effet, travail famille patrie ,
mais il faut quand même remarquer que plus de 80% des lois sociales de Vichy ont été reprises par
la IV République dont la retraite par répartition) , fondé sur l’exclusion (imposée par un envahisseur
cruel et cynique), le mépris du parlementarisme (lire et relire la copie de l’Acte constitutionnel rédigé
en novembre 1943 à la demande de Pétain pour réunir l’Assemble Nationale et lui rendre en cas de
décès, le pouvoir constituant qu’elle lui avait confiée, et la réponse cinglante de Ribbentrop à ce
projet, datée du 20 novembre 1943 qui rappelle que Pétain est un obstacle constant à une
collaboration sincère). Quant au mépris des droits de l’homme (notion incongrue pour les
envahisseurs). Mais il est incontestable que cette situation sous contrainte forte a fait ressortir
toutes sortes de personnages aux comportements détestables (mais aussi bien des héros) même si la
convention de la Haye dans ce cas mettait l’administration et la police au service de l’envahisseur.
Mais avant d’aborder l’aspect stratégique de Pétain, bien réaliser que comme ses prédécesseurs
dans des situations historiques similaires (hors folie de la Shoah) tels Frédéric Guillaume III de Prusse
face à Napoléon 1er , ou plus récemment en 1918 le chancelier Stresemann face aux Alliés, Pétain va
jouer également face aux allemands ce double jeu que Hitler va soupçonner à peine 3 mois après à
Montoir (à Hitler qui lui demandait de déclarer la guerre à l’Angleterre, Pétain lui demande de
réarmer pour défendre l’Empire contre les Anglais ce qu’il obtiendra , alors que les Allemands
n’obtiendront rien si ce n’est des mots de collaboration , collaboration qu’ils jugerons toujours
insuffisante, voire ridicule (Hitler dans son testament politique de février 45) et que la lettre de
Ribbentrop du 20 novembre 1943 rappelle. De fait, le jour même de Montoir, Pétain avait missionné
Rougier à Londres !
Venons- en maintenant à cet aspect stratégique de Pétain tant occulté :
Dans son livre référence publié en 1990, « la France et sa Marine 1940-1942 » qu’aucun des auteurs
n’a daigné consulter, l'historien de la Marine Américaine Charles William Koburger , tout en
contredisant son compatriote Robert Paxton qu’il a lu , montre l'importance stratégique de Pétain
pendant ces 28 mois (entre l’Armistice et le sabordage de la flotte) où les Alliés étaient en position
de faiblesse extrême et qui en maintenant l'Empire (et pour rappel les 440000 français d’origine
juive qui y étaient) en dehors de la portée des Allemands et en ne laissant pas les Allemands
s'emparer de la flotte qui pouvait faire basculer la victoire en faveur de l’Axe, Pétain a rendu le plus
grand des services aux Alliés. D’ailleurs c’est Roosevelt qui en début janvier 1941, par l’intermédiaire
du canal Halifax / Chevalier, conseillera à Pétain de ne surtout pas reprendre les hostilités contre
l’Allemagne à partir de l’Afrique du Nord, comme le lui conseillait Churchill dans sa fameuse missive
du 31 décembre 1940. Roosevelt considérait en effet les conditions d’armistice obtenues par Pétain
comme providentielles dans la mesure où l’Amérique n’était pas encore prête à intervenir sur le
théâtre européen, et il fera même une proposition de rachat de la flotte à Pétain...). Pétain a suivi la
recommandation de Roosevelt qui lui dépêchera immédiatement après l’Amiral Leahy, s’accrochant
à conserver coute que coute les conditions d’Armistice. On voit bien là que Pétain a de suite pris
l’option américaine, alors que Laval, imposé par les Allemand en avril 1942 ne croyait pas en la
victoire des alliés, d’où entre les deux une relation conflictuelle. C’est pourquoi, en désaccord avec
sa politique pro-allemande, Pétain lui a transmis tous ses pouvoirs.
L’ouvrage de Koburger est par ailleurs très intéressant car il montre :
Pétain rappelant plusieurs fois à Darlan lorsque celui-ci veut se venger des anglais (après Mers- el-
Kébir, Dakar, la Syrie) , ou quand il se lance dans les « accords de Paris », que l’ennemi n’est pas
l’Angleterre mais l’Allemagne.
Pétain refusant l’offre insistante de Mussolini de rejoindre l’Axe (avec tous les « avantages » pour la
France de ce choix) juste après le débarquement américain en Afrique du Nord.
Pétain donnant l’ordre de sabordage de la flotte à Laborde, mais Koburger précise que les américains
ont commis une lourde faute par l’intermédiaire de leur représentant à Alger, Mr Robert Murphy, en
ne communiquant pas à Darlan qui était venu le voir pour le sonder sur les intentions américaines,
un mois à peine avant le débarquement , l’information qui aurait pu sauver la flotte, éviter la riposte
française et éviter de perdre la Tunisie dont les américain ont mis 6 mois à la reconquérir.
Pétain envoyant à l’insu de Laval et des Allemands par le seul code secret non livré aux allemands,
son accord à Darlan pour traiter directement avec les américains après leur débarquement en
Afrique du Nord dans les termes suivants « Vous avez mon entière confiance ; faites pour le mieux ;
je vous confie les intérêts de l’Empire. »
Koburger montre que dans l’opposition, le gouvernement français ne pouvait pas aller plus loin que
ce qu’il a fait, refusant aux allemands les bases françaises de l’Empire comme Bizerte, Dakar, faisant
de l’obstruction de mille façons , comme ce refus de faire passer en septembre 1941 la flottille d’E-
boot par le Rhône motivé par un tirant d’eau de ces navires trop grand et (déjà ?) un débit du Rhône
insuffisant à cette époque de l’année. Les Allemands réunirent de suite la Commission d’Armistice et
ordonnèrent le passage immédiat des vedettes. Robert Paxton a beau jeu de présenter le PV de
Commission d’Armistice comme preuve de la collaboration.
Il montre également le rôle joué par la flotte pendant ces 28 mois, en contenant les exactions
allemandes , et surtout en permettant d’apporter en métropole la moitié des protéines nécessaires
à l’alimentation d’une population sujette à des restrictions , grâce aux accords franco britanniques
qui permettaient aux navires marchands incorporés et protégés par la flotte française de naviguer .
Au moment du procès de Pétain (qui n’aurait jamais eu lieu si Roosevelt avait survécu), les
ambassades américaine et anglaise protestèrent, et le secrétaire général du Parti Conservateur
proche de Churchill, Kenneth de Courcy dira à la Haute Cour: "De Gaulle sans Pétain, Pétain sans De
Gaulle, n'auraient pas obtenu séparément, ce qu'ils ont obtenu ensemble ». Conclusion identique à
celle de l'historien de la Marine Américaine Charles William Koburger « si de Gaulle a été nécessaire
pour sauvegarder l’âme de la France, Pétain (et Darlan) ont sauvé le reste »
A la question de savoir comment il se serait comporté le 26 aout 1944, à la place de De Gaulle,
Churchill répondit : « je crois que j’aurais fait chercher le maréchal pour lui dire de descendre avec
moi les Champs-Elysées »
Enfin citation célèbre : de Gaulle lâche au colonel Rémy en 1947 : « Rémy, souvenez- vous qu’il faut
que la France ait toujours deux cordes à son arc. En juin 1940, il lui fallait la corde Pétain et la corde
de Gaulle... » Sauf qu’il a pris la sienne pour pendre la première au gibet de la honte.
Charger Pétain était commode, efficace et profitable à certain en plus de détourner l’attention des
acteurs du désastre de 1940, mais relève du mensonge qui tisse un roman national fictif maintenu
par les médias aux ordres et bien figé par wikipedia .
Pour sortir de l’aveuglement français sur Pétain
1) Imaginer les conséquences d’un refus français des conditions d’Armistice lorsque, dans le
wagon de Rethondes, Keitel débite une à une les conditions d’Armistice jusqu’à la n°19 (la
restitution des étrangers) qui fait protester vivement Huntziger qui dit qu’il en va de
l’honneur de la France. Keitel lui répond sèchement, vous avez 1 heure pour décider Général,
après quoi nous envahissons toute la France et l’Empire
2) Consulter et méditer particulièrement les pages 2761 et 2762 du Rapport fait au nom de la
Commission chargée d’enquêter sur les évènements survenus en France de 1933 à 1945.
Tome 9. (Source gallica.bnf.fr)
3*** étoiles pour cet ouvrage, dont les auteurs bien qu’ils prétendent s’en distinguer, restent dans
le corps principal de la doxa