En cours de chargement...
Des fantômes, on pourrait dire ce que Flaubert disait des expositions : « sujet de délire du XIXe
siècle » (Dictionnaire des idées reçues). Jamais en effet les revenants en corps, spectres, esprits et
autres morts-vivants n’ont été aussi présents et n’ont autant obsédé les vivants qu’à cette époque.
Pourquoi une telle hantise ? Pourquoi tant de fantômes, de têtes coupées qui parlent, de mortes
amoureuses et de tables tournantes ?
Cet essai de pneumatologie littéraire examine les différentes formes que prend la revenance au
dix-neuvième siècle, suit les débats scientifiques, théologiques et philosophiques auxquels elle a
donné lieu, et cherche à éclairer les conditions historiques qui ont favorisé son émergence :
nouvelle relation à la mort, fascination pour l’occulte, traumatismes liés à la Révolution, phobie de
l’inhumation précipitée et autres peurs que la psychanalyse et l’anthropologie aident à comprendre.
Mais l’histoire de la sensibilité fantomatique proposée ici passe surtout par l’exploration des très
nombreuses oeuvres littéraires inspirées par les revenants : des nouvelles de Nodier, Nerval,
Mérimée et Maupassant au théâtre de Madame de Girardin et Victorien Sardou, de Spirite de
Gautier au Fantôme de Bourget, des romans de Stendhal aux poèmes de Baudelaire, en passant
par les procès-verbaux des tables parlantes hugoliennes et La Table tournante de Champfleury,
sans oublier Ursule Mirouët, Les Mille et un fantômes, Les Dames vertes et Le Château des
Carpathes, c’est à un vaste parcours « hantologique » (Derrida) que le lecteur est convié.
Parcours
qui montre les affinités profondes liant le monde de l’au-delà à l’écriture quand celle-ci est conçue
comme une « sorcellerie évocatoire ».