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"Après le plaisir de posséder des livres, il n'y en a guère de plus doux que d'en parler", se plaisait à dire Charles Nodier. Cet impénitent bouquinomane suggère ainsi que la parole constitue le prolongement naturel et comme l'aboutissement de la possession de livres. En dépit d'une longue tradition de condamnation moraliste voyant dans le bibliophile le représentant d'un rapport dévoyé à l'écrit, le XIXe siècle consacre la fortune littéraire de la bibliophilie à travers une multitude de textes qui explorent les arcanes de la passion des livres, à un moment où l'industrialisation du secteur éditorial bouscule les usages de l'imprimé.
Un certain nombre d'écrivains eux-mêmes bibliophiles, tels Charles Nodier, Gérard de Nerval ou les frères Goncourt, exploitent alors le potentiel narratif de la traque aux livres, avec son cortège de maniaques et de figures obsessionnelles, tout en exaltant les jouissances sensorielles qui en découlent.