Dites-lui que je l'aime

Ce récit personnel débute sur le ton de la rancœur, de l’amertume et de la colère en évoquant cette mère, l’actrice Dominique Laffin, retrouvée morte, en juin 1985, à 33 ans, dans d’obscures circonstances. Puis, ce regard sévère sur cette mère indigne, irresponsable, voire dangereuse, change quand l’auteure décide de détricoter le fil de sa mémoire et accepte de rencontrer les personnes qui ont côtoyé sa mère dans le monde du cinéma et ailleurs. Ce sont, surtout, les questions légitimes de ses propres enfants sur leur grand-mère qui la poussent à rouvrir ce dossier épineux. Elle qui, à 12 ans, s'est barricadée derrière un "c'est peut-être mieux comme ça". Elle qui s'est évertuée à devenir l'extrême opposé de sa mère, fait de bouleversantes découvertes et, nous avec, par ricochet. Très touchant.

C’est l’histoire d’une femme sans mère : partie trop tôt d’avoir vécu trop vite. Actrice culte mais oubliée, Dominique Laffin s’est détruite dans l’alcool et dans les fêtes, perdant parfois de vue sa fille, et ses devoirs de mère… Clémentine a douze ans lorsqu’elle s’éteint : « c’est peut-être mieux comme ça ». Elle se construira désormais seule, cette phrase comme un mantra. Effaçant de sa mémoire ce monstre que beaucoup, pourtant, dans le métier, adulaient. Sa maternité, ses engagements politiques et féministes , ainsi que l’écriture de ce livre, l’a ramèneront finalement vers elle. Changeront et adouciront son rapport à ce fantôme qui l’aura tant hanté, tant honté, tant d’années... Un roman d’une finesse rare, une écriture du drame nu, sans fard, et de la reconstruction, à la De Vigan, qui m’a bouleversé. Vraiment.