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" Pour frapper l'imagination, rester dans les mémoires, il fallait quelque chose de soigné et de spectaculaire. Et, en la matière, il n'y avait pas mieux que les modèles classiques, New York 2001, Madrid 2004, Londres 2005, Paris 2014. Montparnasse, Austerlitz, Saint-Lazare, gare du Nord, gare de l'Est, gare de Lyon. C'était le grand chelem du terrorisme hexagonal : six bombes - et le septième jour, se disait-il parfois, le cœur affamé de néant, le diable pourrait chômer.
" Dans une France post-républicaine, en proie au vertige identitaire et aux marchandages politiques, deux hommes poursuivent une vengeance au long cours, l'un derrière l'illusion du djihad, l'autre sous le masque de la loi. Autour d'eux, dans les coulisses du pouvoir ou sur les dalles de la banlieue parisienne, la violence de leur idée fixe va renverser le destin d'inconnus, sans épargner les êtres qui leur sont chers.
De l'agrégé d'arabe au superflic corse, de la politicienne sans vergogne au caïd capverdien, de la filière ZEP de Sciences-Po aux salles de boxe des 3000, rarement la société française n'a été scrutée avec tant d'acuité, d'ampleur et d'humanisme. Dawa est un joyau brut, un polar en forme de tragédie, l'histoire d'une vengeance, le portrait d'une nation en crise, une représentation réaliste de la société française à en donner le frisson.
Ben Laden chez Balzac.
Un premier roman de politique fiction dérangeant mais brillant!!!
Dawa. Deux syllabes qui claquent, deux sens possibles. Terme religieux invitant à convertir le non-croyant dans l'Islam, il est également synonyme de désordre dans la langue française!
Il résume en tout cas assez bien le contenu de ce roman à l'ambition assumée, celle de livrer une sorte de radiographie de la société française, dans la droite lignée des grands auteurs français du 19ème.
Ce qui frappe dès les premières pages, c'est l'extraordinaire exigence de l'auteur, dans le fond comme dans la forme. Sa galerie de personnages n'a jamais rien d'artificiel, elle frappe au contraire par la justesse et la subtilité avec laquelle elle est dépeinte, justesse qui revêt souvent un aspect brutal certes, mais c'est là tout le pari de Suaudeau: ne pas tomber dans les concessions faciles, éviter la vision simpliste, édulcorée aussi bien que caricaturale.
Cela donne un thriller géopolitique dense, complexe, une sorte de comédie humaine du XXIe siècle.
Maîtrisé d'un bout à l'autre, écrit dans une langue exigeante qui ne concède rien à l'efficacité de l'intrigue, Dawa heurte parfois, bouscule souvent, mais stupéfie par la précision de son écriture et la redoutable pertinence de son propos.