Devant cet état de fait, qui impose d'innombrables vides juridiques aussi bien que théoriques, les individus et les groupes sont totalement désemparés - souvent au point d'en devenir fous, individuellement ou collectivement, et donc dangereux. Que faire de cette folie, dans cette folie ? C'est en partant de cette question que Bernard Stiegler relit ici Michel Foucault et Jacques Derrida, les confronte aux analyses de Peter Sloterdijk et Jean-Baptiste Fressoz, et tente de trouver l'antidote contre la démoralisation généralisée. 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Il y a du \"Pharmakon\", des protentions et des rétentions, nous vivons dans une société réticulaire, l'anthropocène, dans laquelle entropie et neg-entropie font rage (ne vous inquiétez pas, B.S. explicite tout ça limpidement, on n'est pas dans le jargon creux, au contraire!!!)); l'homme a des devoirs vis à vis de la biosphère or des pilotes fous détournent des avions pour les crasher (entre autres aberrations et abjections..) Il y a du travail. Nous assistons à la sixième extinction : il pourrait être définitivement dommage de ne pas avoir lu cet immense auteur, cet authentique philosophe au cheminement unique en son genre, alliant la connaissance de la vie à une pensée conceptuelle particulièrement féconde. Son vocabulaire est tout sauf un vain verbiage et il est bien plus drôle qu'Heidegger, et bien plus éclairé politiquement, l'homme est aussi l'héritier de Foucault, Héraclite, Simondon, Canguilhem, ...et a fait un séjour en prison des plus féconds.. : UNIQUE et INRATABLE"},{"@type":"Review","author":{"@type":"Person","name":"Bertrand J."},"reviewRating":{"@type":"Rating","ratingValue":"5"},"reviewBody":"En ces temps troublés où les analyses sommaires s’amoncellent dans les médias, il est nécessaire de penser le réel travaillé par des avancées technologiques foudroyantes face auxquelles les systèmes sociaux paraissent bien désemparés. Le philosophe Bernard Stiegler examine depuis une vingtaine d’années les évolutions de notre monde qui se désagrège peu à peu sous les coups de boutoirs de l’hybris humain, cette folie aveugle des hommes qui perdent toute lucidité. \r\n Stiegler qui préside le groupe de réflexion philosophique Ars indusrialis (http://arsindustrialis.org/) met en avant la notion de disruption, ce phénomène d’accélération de l’innovation “il s’agit d’aller plus vite que les sociétés pour leur imposer ces modèles qui détruisent les structures sociales et rendent la puissance publique impuissante.” Pour le philosophe qui enseigne au sein de l’Université technologique de Compiègne - la synchronisation des esprits dans la consommation procède d’une totalisation mortifère qui rend l’idéalisation impossible. \r\n On vit désormais dans une époque sans époque, une sorte de fin des temps qui annoncerait la fin de notre monde. Diagnostic sans appel de la part de Stiegler qui voit la disruption nous pousser vers le chaos dans un univers où les systèmes informatiques computent l’information quatre millions de fois plus rapidement que nos cerveaux. Reste que notre raison est incarnée à la différence des systèmes technologiques qui ne possèdent, eux, aucune incarnation. Il est donc nécessaire de réinterroger notre humanité face à ceux qui trouvent que le détricotement des institutions, des lois qui protègent et tout simplement des sociétés, ne va pas encore assez vite. Le philosophe pointe d’ailleurs ces nouveaux barbares, par exemple ces entrepreneurs de la Silicon Valley qui souhaitent un marché hyper libéralisé et dont les enfants se suicident 5 fois plus que ceux du reste de l’Amérique. La question du suicide est d’ailleurs examinée depuis des années par Stiegler qui voit dans les suicides et les massacres de masses la manifestation du chaos dans lequel on s’enfonce et de la perte de sens qui l’accompagne. Comment composer alors avec cet Hybris qui se manifeste à travers la disruption ? Une question vieille comme le monde mais qui prend un tour particulier avec l’accélération technologique. En cela “Dans la disruption” est un ouvrage salvateur.\r\n Au terme de l’ouvrage Stiegler revient sur son parcours intellectuel qu’il relie à sa réflexion sur la nature de la raison mais aussi de notre folie collective. Conclusion à la fois émouvante et passionnante qui nous permet de saisir la réflexion du philosophe dans toute sa complexité. \r\n “Dans la disruption” est sans doute l’un des livres de philosophie les plus importants de ces dernières années car il est le fruit d’un travail de plusieurs décennie dont les avancées sont véritablement éclairantes. La critique du capitalisme hyper technologique, dont le double n’est autre que le fondamentalisme religieux, le présente comme une machine infernale dédiée au pillage de la planète et à la désintégration des modèles sociaux. On peut peut être regretter l’absence d’un lexique Stieglerien qui aurait permis aux lecteurs qui découvrent sa pensée de mieux saisir les concepts qu’il a forgés dans le temps. Reste que l’ouvrage est fondamental et que sa lecture est indispensable à ceux qui veulent comprendre où nous mène le capitalisme computationnel. \r\nArchibald PLOOM (CULURE-CHRONIQUE.COM) \r\n\r\n"},{"@type":"Review","author":{"@type":"Person","name":"Mathilde Le Guay"},"reviewRating":{"@type":"Rating","ratingValue":"5"},"reviewBody":"Bernard Stiegler, loin de la scène médiatique narcissique (c'est un vrai penseur), chercheur insatiable (fondateur d'Ars Industrialis) et communicatif (ses vidéos sur YouTube sont toutes passionnantes), est le nom de notre rempart contre l'hubris qui nous ravage. Nous avons tué l'\"époque\". Il y a du \"Pharmakon\", des protentions et des rétentions, nous vivons dans une société réticulaire, l'anthropocène, dans laquelle entropie et neg-entropie font rage (ne vous inquiétez pas, B.S. explicite tout ça limpidement, on n'est pas dans le jargon creux, au contraire!!!)); l'homme a des devoirs vis à vis de la biosphère or des pilotes fous détournent des avions pour les crasher (entre autres aberrations et abjections..) Il y a du travail. Nous assistons à la sixième extinction : il pourrait être définitivement dommage de ne pas avoir lu cet immense auteur, cet authentique philosophe au cheminement unique en son genre, alliant la connaissance de la vie à une pensée conceptuelle particulièrement féconde. Son vocabulaire est tout sauf un vain verbiage et il est bien plus drôle qu'Heidegger, et bien plus éclairé politiquement, l'homme est aussi l'héritier de Foucault, Héraclite, Simondon, Canguilhem, ...et a fait un séjour en prison des plus féconds.. : UNIQUE et INRATABLE. "}]}
Phénomène d'accélération de l'innovation, la disruption consiste, de la part des seigneurs de la guerre économique, à aller plus vite que les sociétés pour les soumettre à des modèles qui détruisent les structures sociales et paralysent la puissance publique. Face à la disruption ainsi imposée, les systèmes sociaux arrivent toujours trop tard pour s'emparer des évolutions technologiques, devenues foudroyantes depuis la révolution numérique. Devant cet état de fait, qui impose d'innombrables vides juridiques aussi bien que théoriques, les individus et les groupes sont totalement désemparés - souvent au point d'en devenir fous, individuellement ou collectivement, et donc dangereux. Que faire de cette folie, dans cette folie ? C'est en partant de cette question que Bernard Stiegler relit ici Michel Foucault et Jacques Derrida, les confronte aux analyses de Peter Sloterdijk et Jean-Baptiste Fressoz, et tente de trouver l'antidote contre la démoralisation généralisée.
Phénomène d'accélération de l'innovation, la disruption consiste, de la part des seigneurs de la guerre économique, à aller plus vite que les sociétés pour les soumettre à des modèles qui détruisent les structures sociales et paralysent la puissance publique. Face à la disruption ainsi imposée, les systèmes sociaux arrivent toujours trop tard pour s'emparer des évolutions technologiques, devenues foudroyantes depuis la révolution numérique. Devant cet état de fait, qui impose d'innombrables vides juridiques aussi bien que théoriques, les individus et les groupes sont totalement désemparés - souvent au point d'en devenir fous, individuellement ou collectivement, et donc dangereux. Que faire de cette folie, dans cette folie ? C'est en partant de cette question que Bernard Stiegler relit ici Michel Foucault et Jacques Derrida, les confronte aux analyses de Peter Sloterdijk et Jean-Baptiste Fressoz, et tente de trouver l'antidote contre la démoralisation généralisée.
Avis librairesCommentaires laissés par les libraires
“ "le rêve est la condition de la méditation"... ”
Bernard Stiegler, loin de la scène médiatique narcissique (c'est un vrai penseur), chercheur insatiable (fondateur d'Ars Industrialis) et communicatif (ses vidéos sur YouTube sont toutes passionnantes), est le nom de notre rempart contre l'hubris qui nous ravage. Nous avons tué l'"époque". Il y a du "Pharmakon", des protentions et des rétentions, nous vivons dans une société réticulaire, l'anthropocène, dans laquelle entropie et neg-entropie font rage (ne vous inquiétez pas, B.S. explicite tout ça limpidement, on n'est pas dans le jargon creux, au contraire!!!)); l'homme a des devoirs vis à vis de la biosphère or des pilotes fous détournent des avions pour les crasher (entre autres aberrations et abjections..) Il y a du travail. Nous assistons à la sixième extinction : il pourrait être définitivement dommage de ne pas avoir lu cet immense auteur, cet authentique philosophe au cheminement unique en son genre, alliant la connaissance de la vie à une pensée conceptuelle particulièrement féconde. Son vocabulaire est tout sauf un vain verbiage et il est bien plus drôle qu'Heidegger, et bien plus éclairé politiquement, l'homme est aussi l'héritier de Foucault, Héraclite, Simondon, Canguilhem, ...et a fait un séjour en prison des plus féconds.. : UNIQUE et INRATABLE
Bernard Stiegler, loin de la scène médiatique narcissique (c'est un vrai penseur), chercheur insatiable (fondateur d'Ars Industrialis) et communicatif (ses vidéos sur YouTube sont toutes passionnantes), est le nom de notre rempart contre l'hubris qui nous ravage. Nous avons tué l'"époque". Il y a du "Pharmakon", des protentions et des rétentions, nous vivons dans une société réticulaire, l'anthropocène, dans laquelle entropie et neg-entropie font rage (ne vous inquiétez pas, B.S. explicite tout ça limpidement, on n'est pas dans le jargon creux, au contraire!!!)); l'homme a des devoirs vis à vis de la biosphère or des pilotes fous détournent des avions pour les crasher (entre autres aberrations et abjections..) Il y a du travail. Nous assistons à la sixième extinction : il pourrait être définitivement dommage de ne pas avoir lu cet immense auteur, cet authentique philosophe au cheminement unique en son genre, alliant la connaissance de la vie à une pensée conceptuelle particulièrement féconde. Son vocabulaire est tout sauf un vain verbiage et il est bien plus drôle qu'Heidegger, et bien plus éclairé politiquement, l'homme est aussi l'héritier de Foucault, Héraclite, Simondon, Canguilhem, ...et a fait un séjour en prison des plus féconds.. : UNIQUE et INRATABLE
“ "le rêve est la condition de la méditation"... ”
Bernard Stiegler, loin de la scène médiatique narcissique (c'est un vrai penseur), chercheur insatiable (fondateur d'Ars Industrialis) et communicatif (ses vidéos sur YouTube sont toutes passionnantes), est le nom de notre rempart contre l'hubris qui nous ravage. Nous avons tué l'"époque". Il y a du "Pharmakon", des protentions et des rétentions, nous vivons dans une société réticulaire, l'anthropocène, dans laquelle entropie et neg-entropie font rage (ne vous inquiétez pas, B.S. explicite tout ça limpidement, on n'est pas dans le jargon creux, au contraire!!!)); l'homme a des devoirs vis à vis de la biosphère or des pilotes fous détournent des avions pour les crasher (entre autres aberrations et abjections..) Il y a du travail. Nous assistons à la sixième extinction : il pourrait être définitivement dommage de ne pas avoir lu cet immense auteur, cet authentique philosophe au cheminement unique en son genre, alliant la connaissance de la vie à une pensée conceptuelle particulièrement féconde. Son vocabulaire est tout sauf un vain verbiage et il est bien plus drôle qu'Heidegger, et bien plus éclairé politiquement, l'homme est aussi l'héritier de Foucault, Héraclite, Simondon, Canguilhem, ...et a fait un séjour en prison des plus féconds.. : UNIQUE et INRATABLE.
Bernard Stiegler, loin de la scène médiatique narcissique (c'est un vrai penseur), chercheur insatiable (fondateur d'Ars Industrialis) et communicatif (ses vidéos sur YouTube sont toutes passionnantes), est le nom de notre rempart contre l'hubris qui nous ravage. Nous avons tué l'"époque". Il y a du "Pharmakon", des protentions et des rétentions, nous vivons dans une société réticulaire, l'anthropocène, dans laquelle entropie et neg-entropie font rage (ne vous inquiétez pas, B.S. explicite tout ça limpidement, on n'est pas dans le jargon creux, au contraire!!!)); l'homme a des devoirs vis à vis de la biosphère or des pilotes fous détournent des avions pour les crasher (entre autres aberrations et abjections..) Il y a du travail. Nous assistons à la sixième extinction : il pourrait être définitivement dommage de ne pas avoir lu cet immense auteur, cet authentique philosophe au cheminement unique en son genre, alliant la connaissance de la vie à une pensée conceptuelle particulièrement féconde. Son vocabulaire est tout sauf un vain verbiage et il est bien plus drôle qu'Heidegger, et bien plus éclairé politiquement, l'homme est aussi l'héritier de Foucault, Héraclite, Simondon, Canguilhem, ...et a fait un séjour en prison des plus féconds.. : UNIQUE et INRATABLE.
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En ces temps troublés où les analyses sommaires s’amoncellent dans les médias, il est nécessaire de penser le réel travaillé par des avancées technologiques foudroyantes face auxquelles les systèmes sociaux paraissent bien désemparés. Le philosophe Bernard Stiegler examine depuis une vingtaine d’années les évolutions de notre monde qui se désagrège peu à peu sous les coups de boutoirs de l’hybris humain, cette folie aveugle des hommes qui perdent toute lucidité.
Stiegler qui préside le groupe de réflexion philosophique Ars indusrialis (http://arsindustrialis.org/) met en avant la notion de disruption, ce phénomène d’accélération de l’innovation “il s’agit d’aller plus vite que les sociétés pour leur imposer ces modèles qui détruisent les structures sociales et rendent la puissance publique impuissante.” Pour le philosophe qui enseigne au sein de l’Université technologique de Compiègne - la synchronisation des esprits dans la consommation procède d’une totalisation mortifère qui rend l’idéalisation impossible.
On vit désormais dans une époque sans époque, une sorte de fin des temps qui annoncerait la fin de notre monde. Diagnostic sans appel de la part de Stiegler qui voit la disruption nous pousser vers le chaos dans un univers où les systèmes informatiques computent l’information quatre millions de fois plus rapidement que nos cerveaux. Reste que notre raison est incarnée à la différence des systèmes technologiques qui ne possèdent, eux, aucune incarnation. Il est donc nécessaire de réinterroger notre humanité face à ceux qui trouvent que le détricotement des institutions, des lois qui protègent et tout simplement des sociétés, ne va pas encore assez vite. Le philosophe pointe d’ailleurs ces nouveaux barbares, par exemple ces entrepreneurs de la Silicon Valley qui souhaitent un marché hyper libéralisé et dont les enfants se suicident 5 fois plus que ceux du reste de l’Amérique. La question du suicide est d’ailleurs examinée depuis des années par Stiegler qui voit dans les suicides et les massacres de masses la manifestation du chaos dans lequel on s’enfonce et de la perte de sens qui l’accompagne. Comment composer alors avec cet Hybris qui se manifeste à travers la disruption ? Une question vieille comme le monde mais qui prend un tour particulier avec l’accélération technologique. En cela “Dans la disruption” est un ouvrage salvateur.
Au terme de l’ouvrage Stiegler revient sur son parcours intellectuel qu’il relie à sa réflexion sur la nature de la raison mais aussi de notre folie collective. Conclusion à la fois émouvante et passionnante qui nous permet de saisir la réflexion du philosophe dans toute sa complexité.
“Dans la disruption” est sans doute l’un des livres de philosophie les plus importants de ces dernières années car il est le fruit d’un travail de plusieurs décennie dont les avancées sont véritablement éclairantes. La critique du capitalisme hyper technologique, dont le double n’est autre que le fondamentalisme religieux, le présente comme une machine infernale dédiée au pillage de la planète et à la désintégration des modèles sociaux. On peut peut être regretter l’absence d’un lexique Stieglerien qui aurait permis aux lecteurs qui découvrent sa pensée de mieux saisir les concepts qu’il a forgés dans le temps. Reste que l’ouvrage est fondamental et que sa lecture est indispensable à ceux qui veulent comprendre où nous mène le capitalisme computationnel.
Archibald PLOOM (CULURE-CHRONIQUE.COM)
En ces temps troublés où les analyses sommaires s’amoncellent dans les médias, il est nécessaire de penser le réel travaillé par des avancées technologiques foudroyantes face auxquelles les systèmes sociaux paraissent bien désemparés. Le philosophe Bernard Stiegler examine depuis une vingtaine d’années les évolutions de notre monde qui se désagrège peu à peu sous les coups de boutoirs de l’hybris humain, cette folie aveugle des hommes qui perdent toute lucidité.
Stiegler qui préside le groupe de réflexion philosophique Ars indusrialis (http://arsindustrialis.org/) met en avant la notion de disruption, ce phénomène d’accélération de l’innovation “il s’agit d’aller plus vite que les sociétés pour leur imposer ces modèles qui détruisent les structures sociales et rendent la puissance publique impuissante.” Pour le philosophe qui enseigne au sein de l’Université technologique de Compiègne - la synchronisation des esprits dans la consommation procède d’une totalisation mortifère qui rend l’idéalisation impossible.
On vit désormais dans une époque sans époque, une sorte de fin des temps qui annoncerait la fin de notre monde. Diagnostic sans appel de la part de Stiegler qui voit la disruption nous pousser vers le chaos dans un univers où les systèmes informatiques computent l’information quatre millions de fois plus rapidement que nos cerveaux. Reste que notre raison est incarnée à la différence des systèmes technologiques qui ne possèdent, eux, aucune incarnation. Il est donc nécessaire de réinterroger notre humanité face à ceux qui trouvent que le détricotement des institutions, des lois qui protègent et tout simplement des sociétés, ne va pas encore assez vite. Le philosophe pointe d’ailleurs ces nouveaux barbares, par exemple ces entrepreneurs de la Silicon Valley qui souhaitent un marché hyper libéralisé et dont les enfants se suicident 5 fois plus que ceux du reste de l’Amérique. La question du suicide est d’ailleurs examinée depuis des années par Stiegler qui voit dans les suicides et les massacres de masses la manifestation du chaos dans lequel on s’enfonce et de la perte de sens qui l’accompagne. Comment composer alors avec cet Hybris qui se manifeste à travers la disruption ? Une question vieille comme le monde mais qui prend un tour particulier avec l’accélération technologique. En cela “Dans la disruption” est un ouvrage salvateur.
Au terme de l’ouvrage Stiegler revient sur son parcours intellectuel qu’il relie à sa réflexion sur la nature de la raison mais aussi de notre folie collective. Conclusion à la fois émouvante et passionnante qui nous permet de saisir la réflexion du philosophe dans toute sa complexité.
“Dans la disruption” est sans doute l’un des livres de philosophie les plus importants de ces dernières années car il est le fruit d’un travail de plusieurs décennie dont les avancées sont véritablement éclairantes. La critique du capitalisme hyper technologique, dont le double n’est autre que le fondamentalisme religieux, le présente comme une machine infernale dédiée au pillage de la planète et à la désintégration des modèles sociaux. On peut peut être regretter l’absence d’un lexique Stieglerien qui aurait permis aux lecteurs qui découvrent sa pensée de mieux saisir les concepts qu’il a forgés dans le temps. Reste que l’ouvrage est fondamental et que sa lecture est indispensable à ceux qui veulent comprendre où nous mène le capitalisme computationnel.
Archibald PLOOM (CULURE-CHRONIQUE.COM)