La politique de Crébillon... Avancer que le Boucher, le Fragonard de la littérature, s'est attaché à cette pesante matière a de quoi surprendre. Pourtant, le plus étrange ne serait-il pas qu'un écrivain de si grand talent n'ait jamais songé à communiquer son sentiment, au public sur ce qui préoccupait en son temps " tout ce qui pense " : la vie des sociétés, les formes de gouvernement, l'esprit des lois ? Certes, le roman est œuvre de divertissement, mais déjà il servait à tout, comme en témoignent les Lettres persanes. Chez Crébillon, point d'attaque directe à la Montesquieu ; son esprit sinueux n'aborde de front aucun sujet et tout sujet, amour ou politique, se trouve mêlé dans ses ouvrages à une intrigue libertine. L'indiligent lecteur risque de ne pas passer outre. Ses contemporains s'y sont trompés, ne lui ont reconnu que sa virtuosité à " gazer des ordures ", sans discerner dans ses ouvrages cet enseignement moral qu'il affirmait, et à juste titre, y dispenser de préface en préface. Sur les questions politiques il ne s'est pas prononcé plus ouvertement que beaucoup d'autres. On y pensait, on est parlait, on en écrivait, sans se vanter de le faire et même en s'en cachant. Dans ses romans, l'ami de Voltaire a aimé, comme le maître, les déguisements facétieux. Si l'on a méconnu cet aspect de sa pensée, c'est que son scepticisme souriant, mais total, a aussi rebuté les lecteurs. Or, en ce domaine, nous aimons les promesses ; les perspectives riantes, les espérances d'âge d'or. Selon la confidence d'un de nos modernes chef d'Etat, " en politique, il faut dire des choses aux gens ". La formule est d'un orfèvre. Elle explique le sort réservé à Crébillon dont toute l'oeuvre nous persuade qu'il ne faut rien croire de ce que son nous dit.
La politique de Crébillon... Avancer que le Boucher, le Fragonard de la littérature, s'est attaché à cette pesante matière a de quoi surprendre. Pourtant, le plus étrange ne serait-il pas qu'un écrivain de si grand talent n'ait jamais songé à communiquer son sentiment, au public sur ce qui préoccupait en son temps " tout ce qui pense " : la vie des sociétés, les formes de gouvernement, l'esprit des lois ? Certes, le roman est œuvre de divertissement, mais déjà il servait à tout, comme en témoignent les Lettres persanes. Chez Crébillon, point d'attaque directe à la Montesquieu ; son esprit sinueux n'aborde de front aucun sujet et tout sujet, amour ou politique, se trouve mêlé dans ses ouvrages à une intrigue libertine. L'indiligent lecteur risque de ne pas passer outre. Ses contemporains s'y sont trompés, ne lui ont reconnu que sa virtuosité à " gazer des ordures ", sans discerner dans ses ouvrages cet enseignement moral qu'il affirmait, et à juste titre, y dispenser de préface en préface. Sur les questions politiques il ne s'est pas prononcé plus ouvertement que beaucoup d'autres. On y pensait, on est parlait, on en écrivait, sans se vanter de le faire et même en s'en cachant. Dans ses romans, l'ami de Voltaire a aimé, comme le maître, les déguisements facétieux. Si l'on a méconnu cet aspect de sa pensée, c'est que son scepticisme souriant, mais total, a aussi rebuté les lecteurs. Or, en ce domaine, nous aimons les promesses ; les perspectives riantes, les espérances d'âge d'or. Selon la confidence d'un de nos modernes chef d'Etat, " en politique, il faut dire des choses aux gens ". La formule est d'un orfèvre. Elle explique le sort réservé à Crébillon dont toute l'oeuvre nous persuade qu'il ne faut rien croire de ce que son nous dit.